Emilie König, fille de gendarme devenue égérie djihadiste

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B.G. avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Emilie König a vu son nom ajouté à la liste de combattants terroristes étrangers de l'administration américaine. Cette Française de 31 ans a connu une trajectoire particulière, de la Bretagne à la Syrie.

La Française Emilie König, dont le nom a été ajouté mardi par Washington à sa liste de "combattants terroristes étrangers", est une figure de la mouvance djihadiste française en Syrie qui, si elle ne combat pas, joue un rôle important de propagandiste et de recruteuse.  "C'est une personnalité dans la communauté djihadiste, elle est très active sur les réseaux sociaux, sert à la propagande et au recrutement de volontaires" a confié mardi soir un responsable de la lutte anti-terroriste, qui demande à rester anonyme. "Nous la connaissons très bien". Selon lui, c'est la première fois qu'une femme djihadiste est ainsi désignée par les autorités américaines. 

Elle manifeste intégralement voilée. Née il y a 31 ans à Lorient, d'un père gendarme, dernière d'une famille de quatre, Emilie König suit une scolarité normale, faute d'être brillante, puis se convertit au contact de son premier mari, algérien d'origine, emprisonné pour trafic de drogue. Elle apprend l'arabe, se fait appeler Samra, se voile entièrement et, au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, elle commence sa radicalisation. En 2010, portant le niqab, elle est repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tentait de distribuer des tracts appelant au djihad. Elle se rend souvent à Paris, se fait remarquer en manifestant aux premiers rangs, intégralement voilée.

Elle s'occupe des vidéos de propagande. Au printemps 2012, elle laisse en France ses deux enfants pour rejoindre en Syrie son mari, qui avait rejoint le groupe qui allait peu après devenir le groupe Etat islamique avant d'être tué. Elle fait donc partie des premiers Français à avoir franchi la frontière turque pour prendre part au djihad en Syrie.  Elle est visée notamment en France par une enquête sur le départ en Syrie d'une dizaine de jeunes gens de la région nîmoise. Si elle ne prend pas part aux combats, dans un mouvement où les femmes ne sont pas considérées comme des combattantes potentielles et le plus souvent confinées à des rôles de soutien, Emilie Konig apparaît souvent dans des vidéos de propagande.