Un jeune homme jugé pour avoir enterré sa chienne vivante

Dogue de Bordeaux, image d'illustration
Dogue de Bordeaux, image d'illustration © JUSTIN TALLIS / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Agé de 22 ans, le propriétaire assure que l'animal s'est enfui alors qu'il le promenait en pleine nuit. 

La chienne avait été retrouvée enterrée vivante en bord de Seine, sa laisse lestée de pierres. Jugé mercredi à Versailles pour "acte de cruauté", son propriétaire a assuré, sans convaincre le tribunal, qu'il ne lui avait jamais fait de mal.

"J'ai jamais maltraité mon chien". Ce 1er août 2015 à Carrières-sur-Seine, un promeneur remarque une forme étrange qui se dessine sous terre. Il s'approche, entend une respiration: la truffe d'un animal dépasse à peine. Il creuse : c'est une chienne, un dogue de Bordeaux. Autour de son cou, une laisse attachée à un sac de pierres, le tout profondément enterré pour l'empêcher de refaire surface. Dans le trou, une gourmette où est inscrit "Maman". La chienne, affaiblie et choquée, est prise en charge par des vétérinaires. La police interpelle rapidement son propriétaire. "J'ai jamais maltraité mon chien", se défend celui-ci, sans avocat, devant le tribunal correctionnel. L'homme de 22 ans assure que l'animal s'est enfui alors qu'il le promenait en pleine nuit.

Le chien avait 10 ans et était handicapé. Il évoque des problèmes personnels et professionnels : "J'avais tellement de soucis, le seul réconfort dans ma vie c'était de m'occuper de mon chien". Mais il peine à convaincre : la chienne, nommée Athéna, était âgée de 10 ans et handicapée. "Votre chien, il est dans un tel état que s'enfuir sans que vous le retrouviez, ça pose un peu question", lui lance la présidente, et "vous n'avez pas remué ciel et terre pour le retrouver !". Elle avance l'hypothèse d'une chienne devenu "un poids" pour le prévenu. Celui-ci a "peut-être été dépassé par la possession de ce chien" âgé et boiteux, appuie le procureur, mais s'il voulait s'en débarrasser, "il aurait pu l'amener à une association". 

Acte de cruauté et insultes. Pour "acte de cruauté" mais aussi pour avoir copieusement insulté les policiers qui l'ont interpellé, l'accusateur a requis à son encontre six mois d'emprisonnement avec sursis et l'interdiction à l'avenir de détenir un chien. Plusieurs organisations de défense des animaux parties civiles, ont demandé à l'audience des dommages et intérêts et l'interdiction pour le prévenu de détenir un animal. "Il n'ose pas la tuer, il se dit: la terre va faire son oeuvre, c'est le supplice de la tombe", a lancé Me Christophe Forge, pour la Fondation assistance aux animaux. 

L'affaire avait indigné les internautes : les photos prises par le promeneur qui l'a sauvée ont été partagées plus de 185.000 fois sur le réseau social Facebook, et une pétition demandant "la peine maximale" pour son maître a recueilli plus de 550.000 signatures sur la plateforme mesopinions.com. La chienne, adoptée par une famille d'accueil, est morte en début d'année. Jugement le 29 juin.