Seine-Saint-Denis : quatre policiers en garde à vue pour viol en réunion sur un jeune homme

IGPN paris crédit : capture d'écran Google Street View - 1280
Les quatre policiers ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'IGPN parisienne © capture d'écran Google Street View
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M.R et , modifié à
Le viol aurait été commis avec une matraque télescopique pendant une interpellation musclée. 

Les faits se seraient déroulés lors de l'interpellation d'un jeune homme de 22 ans à la cité des 3.000 d'Aulnay-sous-Bois, jeudi vers 17h. L'un des agents de police aurait introduit une matraque télescopique dans l'anus du jeune homme. Les quatre policiers présents ont été placés en garde à vue et le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour viol en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique, confié à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Une interpellation musclée. "M. était juste sorti apporter une paire de baskets à une copine", explique la mère de la victime au Parisien. D'après les témoignages des jeunes présents, M., comme d'autres, aurait réagi bruyamment à une gifle donnée par un policier à un ado qu'ils contrôlaient. Le jeune homme "s'interpose violemment", selon une source policière. S'ensuit une "bagarre", filmée par les caméras de la police municipale.

Les images de l'interpellation filmée par des habitants de la cité montrent ensuite un grand gaillard mis à terre par quatre agents de police qui l'embarquent violemment dans leur voiture. La grande soeur de la victime, arrivée sur les lieux juste après cette interpellation musclée interroge les jeunes du quartier. "M. a été embarqué, on n'a rien pu faire, on a été gazés. Désolé", lui a-t-on répondu. 

"Des lésions importantes". L'un des frères de M. se rend alors au commissariat, juste le temps de voir son frère partir en fauteuil roulant à l'hôpital, le visage tuméfié. Le jeune homme se serait plaint de "saignements à la bouche et à l'anus", confie une source proche du dossier au Parisien. Transporté à l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay, l'examen médical révèle "des lésions importantes. Ce qui correspond clairement à l'introduction d'un objet", ajoute cette même source. Un médecin diagnostique "une déchirure de l'anus sur 10 cm" et lui prescrit 60 jours d'interruption totale de travail (ITT). Samedi matin, M. était toujours hospitalisé.

Des analyses en cours. Les policiers, placés en garde à vue, ont une tout autre version de l'incident. "Ils reconnaissent qu'il y a eu des coups de bâton télescopique car ils ne parvenaient pas à maîtriser ce grand costaud", indique un policier mais pas de geste à connotation sexuelle alors que les faits se seraient déroulés sur la voie publique d'après la victime. C'est d'ailleurs ce que semblent montrer les images des caméras de surveillance qui ont filmé la scène. Seuls des coups au niveau des jambes sont visibles. Les images sont en cours d'examen, tout comme la matraque qui aurait servi au viol. 

La famille va porter plainte. La garde à vue des quatre fonctionnaires de police de la BST (brigade spécialisée de terrain) a été prolongée de 24h dans les locaux de l'IGPN (inspection générale de la police nationale). La famille de M. a annoncé son intention de porter plainte. "C'est inacceptable, nous ne pouvons pas en rester là". Samedi, le jeune homme était toujours hospitalisé.

Le parquet de Bobigny a donc décidé d'ouvrir une enquête pour "viol en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Mais, au vu de l'avancée de l'enquête, les faits pourraient être requalifiés en "violences en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique", selon une source policière.