Seine-Saint-Denis : au pied d'une tour, des riverains bravent les dealers

A Saint-Denis, des habitants ont décidé de se mobiliser personnellement contre les dealers.
A Saint-Denis, des habitants ont décidé de se mobiliser personnellement contre les dealers. © THOMAS SAMSON /AFP
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avec AFP , modifié à
Les riverains d'une tour de Saint-Denis ont décidé de passer la nuit dehors pour inciter les dealers, très présents dans la cité, à partir.

La tension était palpable mardi soir au pied d'un immeuble d'une cité de Saint-Denis, où une poignée de riverains ont décidé de passer une partie de la nuit dehors pour pousser les dealers à partir.

Ils n'en peuvent plus. Pour la sixième soirée consécutive, à 21 heures, quelques habitants de Saint-Denis avaient installé une table de camping, des chaises et de quoi grignoter au pied d'un immeuble de huit étages, rue Jean-Lurçat, où les trafiquants de drogue ont selon eux leurs habitudes. Excédés par les nuisances dues au trafic (va-et-vient des voitures des clients, cris, incivilités), et après l'incendie de trois voitures la semaine dernière, ils ont décidé d'occuper le terrain chaque nuit jusqu'à 1 heure.

La tension monte d'un cran. L'initiative est soutenue par la mairie (PCF) de Saint-Denis et le bailleur social Plaine commune habitat, qui jugent insuffisants les effectifs de la police. "Dans un État de droit normal, les habitants n'ont pas à jouer ce rôle-là", déplore Slimane Rabahallah, adjoint au maire chargé de la tranquillité publique et de la prévention de la délinquance, venu appuyer les habitants.

Comme presque tous les soirs depuis le début de cette mobilisation, les forces de l'ordre ont été appelées après un début d'échauffourée, quand un jeune s'en est pris à un journaliste. "Essayez de vous mettre à notre place", s'irrite une l'habitante, qui souhaite comme les autres riverains garder l'anonymat et dit ne plus pouvoir dormir la nuit. Un jeune homme, qui se présente comme un "intermédiaire" avec le chef du trafic, promet alors de "dire aux gens d'arrêter de faire du bruit, de mettre la musique à fond". "Ils sont agressifs parce qu'on leur fait perdre des sous", estime une habitante de la cité.

Les habitants "déterminés". Les riverains mobilisés, au nombre de cinq mardi soir (quatre femmes et un homme), se disent déterminés à continuer à passer une partie de la nuit dehors, avec l'espoir que l'initiative prenne de l'ampleur pour que les dealers "partent complètement de la cité". La Seine-Saint-Denis est connue comme un haut lieu du trafic de drogues, en particulier de cannabis, du fait de sa proximité avec Paris.