Plusieurs mosquées prises pour cibles

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Noémi Marois et Jean-Luc Boujon avec AFP , modifié à
INCIDENT - Des grenades, des coups de feu et des tags haineux ont visé des lieux de culte musulmans mercredi soir, sans faire de victimes. 

Quelques heures après l'attentat terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo, plusieurs lieux de culte musulmans ont été la cible d'attaque au Mans, à Poitiers et à Port-La-Nouvelle dans l'Aude. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, élu de la Sarthe et ministre de l'Agriculture, a annoncé qu'il se rendra au Mans jeudi après-midi. Au nord de Lyon, dans le Rhône, dans la commune de Villefranche-sur-Saône, c'est un restaurant, voisin d'une mosquée, qui a été soufflé par une explosion jeudi matin.

Trois grenades contre une mosquée du Mans. Au Mans, trois grenades d'exercice, dites grenades à plâtre, ont été lancées vers minuit trente contre une mosquée d'un quartier populaire. Le lieu de culte est installée dans une maison et ne présente aucune indication particulière. Seul le nom de "lieu culturel nouvellois" est apposé sur la boîte aux lettres, rapporte le journal Midi Libre. Une seule grenade, sur les trois, a explosé dans une petite cour sans faire de dégâts majeurs, selon le parquet. Les premières constatations ont aussi permis de relever un impact de balle sur une fenêtre.

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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Jeudi matin, des équipes de la police scientifique procédaient aux premières constatations sur les lieux, alors que le périmètre de sécurité, mis en place par les équipes d'intervention a été élargi. Un religieux qui souhaitait se rendre dans la mosquée a été repoussé par les policiers.

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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Dans l'Aude, des coups de feu.À Port-la-Nouvelle, un ou plusieurs coups de feu ont été tirés en direction d'une salle de prière musulmane, mercredi vers 20 heures, une heure environ après la fin de la prière. La salle était alors vide. Le parquet de Narbonne a précisé que l'arme utilisé était un pistolet à grenailles, de "faible calibre et de petit plomb". Seules une vitre et la porte d'entrée ont été endommagées. 

"Bien évidemment que c'est quelqu'un qui a cru bon de venger je ne sais quoi ou je ne sais qui", a déclaré David Charmatz, procureur de Narbonne, interrogé sur un possible lien avec l'attentat mercredi contre Charlie Hebdo. Il a ajouté qu'aucune interpellation n'avait encore été effectuée en milieu de matinée après ces tirs.

À Villefranche, une "grosse explosion". Jeudi matin, à 6 heures, les pompiers sont intervenus à Villefranche-sur-Saône où un restaurant a été soufflé par une explosion, rapporte Le Progrès. Le snack est situé dans le prolongement d'une mosquée. Selon le quotidien, il n'y a pas de blessés et il ne s'agirait pas d'une fuite de gaz. Le quartier a été bouclé. Jean-Luc Boujon, correspondant Europe 1, a pu observer des "vitrines brisées" et "un mobilier en partie calcinée". Le gérant du restaurant, qui habite en face, a été réveillé par "une grosse explosion" : "Je me suis levée et je suis allée au snack, les voisins étaient terrorisés". "Il y a des dégâts matériels surtout mais ça me choque car c'est une ville assez calme", confie-t-il à Europe 1. 

Un restaurant fréquenté par les gens de la mosquée. "L'explosion a soufflé la devanture du restaurant, L'Impérial, "qui est géré de manière indépendante par des personnes proches de la mosquée" et "où se regroupent des personnes qui fréquentent le lieu de culte mais aussi d'autres personnes", a précisé Bernard Perrut, député-maire UMP de la Villefranche-sur-Saône, qui était sur place jeudi. "Une telle situation est inquiétante et bouleversante et m'amène à lancer un message de cohésion, d'unité et de respect dans cette période douloureuse que traverse la France", a-t-il ajouté. Il a enfin déclaré craindre que cet incident "soit lié à l'événement dramatique qui est survenu ce mercredi", a-t-il déclaré, faisant référence à l'attaque terroriste qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo. Il juge cependant que c'est "un acte isolé" car Villefranche-sur-Saône a toujours "prôné le respect", a-t-il déclaré à Europe 1. 

"C'est criminel". L'explosion de Villefranche est "criminelle", a confirmé une source préfectorale à l'AFP. Le procureur de la République a précisé qu'un engin explosif, type grenade, a été utilisé. La sécurité a été renforcé dans la ville, notamment près des lieux de culte.

À Poitiers, un tag "mort aux Arabes". À Poitiers, dans la nuit de mercredi à jeudi, un suspect a été interpellé après qu'il ait tagué des mots haineux, "mort aux Arabes", sur le grand portail de la mosquée de la ville. L'insulte a été effacé depuis. L'imam du lieu, Boubaker El Hadj Amor, a déposé plainte. 

L'homme interpellé s'est excusé et dit avoir été "bouleversé" par l'attentat contre Charlie Hebdo et agi sous l'emprise de l'alcool, a annoncé jeudi le parquet. Le suspect "se confond en excuses, il parle d'un acte imbécile". Il fera l'objet de poursuites devant le tribunal correctionnel de Poitiers.

La surveillance avait été renforcée. L'imam a déclaré qu'il "craignait" ce genre d'incident. "C'est pourquoi nous avions réactivé la surveillance du site. En plus de la vidéosurveillance, nous avions deux personnes pour faire des rondes. Ils n'ont pas vu la personne agir. On pense que cela a dû se faire après leur départ, vers 4 h du matin", a-t-il expliqué.

Boubaker El Hadj Amor a invité "tous les Poitevins" à un grand rassemblement sur le site de la mosquée, vendredi après-midi à partir de 13 heures 30.