Des Hell's Angels soupçonnés de trafic d'armes

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Julien Ricotta, M.-A. B. avec Guillaume Biet et AFP , modifié à
Trois membres du gang de motards ont été mis en examen pour trafic d'armes avec des dealers de quartiers sensibles.

Six hommes, dont trois Hell's Angels, ont été mis en examen à Reims pour trafic d'armes. La saisie d'un pistolet-mitrailleur a permis pour la première fois de relier ce gang de motards à la criminalité organisée des quartiers sensibles. Parmi les suspects âgés de 20 à 42 ans, trois sont liés à la mouvance Hell's Angels et travaillent dans des salons de tatouage à Reims et dans l'Oise. Les autres suspects ont déjà été condamnés pour des trafics de stupéfiants. Les six hommes ont été mis en examen jeudi, sept mois après la saisie d'un pistolet-mitrailleur vendu à des trafiquants de drogues présumés.

Un gérant d'un salon de tatouage. L'enquête a débuté en mars dernier après la découverte lors d'un simple contrôle, d'un pistolet-mitrailleur équipé d'un silencieux, selon le procureur de la République de Reims. L'arme était cachée dans le coffre d'un véhicule conduit par trois personnes connues pour trafic de drogues. "Nous avons pu identifier le vendeur de l'arme, un gérant d'un salon de tatouage membre du chapitre "Nomads" des Hell's Angels, et deux de ses complices présumés", a précisé le commissaire divisionnaire. L'homme, un ancien mercenaire âgé de 42 ans, est suspecté par les enquêteurs d'être le porte-flingue du gang.

Des armes et un drapeau nazi. Les policiers ont saisi plusieurs armes, de l'argent, un drapeau nazi et la comptabilité du salon de tatouage "dont une bonne partie des recettes semble servir à financer ce gang de motards" dont le chapitre est en région parisienne, a indiqué le procureur. Les Hell's Angels sont l'un des trois gangs de motards criminalisés implantés en France depuis le début des années 1980, avec les Bandidos et les Outlaws, comptant au total environ 200 membres. Ce gang possède moins d'une dizaine de chapitres actifs en France, répartis sur tout le territoire.

Un lien inédit avec les quartiers. "C'est une des rares fois où nous pouvons établir une connexion entre des individus liés à un gang de motards criminels et des trafiquants de stupéfiants présumés issus des quartiers sensibles", a expliqué Jean-Philippe Fougereau qui dirige le SRPJ de Reims. "Les Hell's Angels sont tellement bien organisés que les forces de l'ordre n'ont pas encore réussi à impliquer l'organisation dans une procédure judiciaire. Dès qu'un membre est arrêté, la structure va faire en sorte de se désolidariser et disparaître", a indiqué une autre source policière.       

De vrais groupes mafieux. Pour François-Xavier Masson, chef du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO) de la police Judiciaire, les Hell's français n'ont ainsi rien à envier à leurs homologues américains en terme de criminalité. Pour l'expert, il s'agit de vrais groupes mafieux. "Au-delà du folklore qu'ils représentent avec l'aspect moto et blouson, on a affaire à des gangs de motards qui sont extrêmement bien organisés", confie-t-il au micro d'Europe 1.

"On  va les retrouver dans du trafic d'armes, dans du trafic de drogue, des affaires d'extorsions et parfois d'atteinte à la vie. On les retrouve ainsi sur tout un tas d'infractions qui vont leur permettre d'assoir leur emprise sur un territoire ou de s'opposer à des gangs rivaux", explique François-Xavier Masson.

Difficile d'évaluer le nombre de membres. En avril 2013, le président et le sergent d'armes du chapitre de Colmar ont été condamnés à des peines de prison de 18 et six mois ferme, pour extorsion de fonds et menaces de mort contre l'organisateur d'un salon de la moto en 2011. Des membres du chapitre de Nîmes, impliqués en juin 2011 dans le racket d'officines de tatouages, attendent eux d'être jugés. Les forces de l'ordre peinent cependant à estimer le nombre de Hell's Angels dans l'hexagone.