Que sait-on sur l’école coranique fermée à Lagny ?

Trois mosquées ont été fermées depuis la semaine dernière, dont celle de Lagny-sur-Marne, visée mercredi matin par une vaste opération de police.
Trois mosquées ont été fermées depuis la semaine dernière, dont celle de Lagny-sur-Marne, visée mercredi matin par une vaste opération de police © THOMAS SAMSON / AFP
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Des vidéos de propagande et du "matériel pédagogique" ont été saisis lors des perquisitions menées dans le cadre de la fermeture de la salle de prière de Lagny-sur-Marne.

L’établissement était destiné à former les plus jeunes au salafisme radical. L’enquête portant sur la salle de prière de Lagny-sur-Marne a permis de mettre au jour l’organisation d’une école coranique clandestine. Selon le préfet de Seine-et-Marne, "des installations propres à l'exercice d'un enseignement pour enfants, du mobilier, du matériel pédagogique" ont été découverts lors des perquisitions menées les 2 et 3 décembre. Les enfants formés dans cet établissement illégal étaient notamment sensibilisés à la "bonne" pratique de l’islam avec des vidéos de propagande djihadiste.

  • L’exercice illégal d’un enseignant

A l’origine, ce lieu de culte géré par une association musulmane n’avait pas alerté la municipalité, jusqu’au jour où des prédicateurs islamistes radicaux se sont emparés des lieux, il y a cinq ans. A l’époque, la municipalité avait réalisé un signalement, sans pour autant réussir à faire fermer l’établissement. En pensant démanteler une mosquée salafiste mercredi, les enquêteurs ont en réalité levé le voile sur une madrassa (école coranique) non déclarée.

"Des installations propres à l'exercice d'un enseignement pour enfants, du mobilier, du matériel pédagogique" ont été découverts, "tant dans les locaux de prière, objets de la fermeture, qu'au domicile de l'un des habitués", ont indiqué les autorités. Le président de l’association avait lui-même reconnu que son établissement comportait "des salles de classes pour accueillir des cours d’arabe pour les enfants et du soutien scolaire", indique Le Parisien. Les enquêteurs supposent qu’un enseignant exerçait illégalement au sein de cette école. L’établissement devrait notamment être poursuivi et sanctionné pour travail dissimulé.

  • Des vidéos de l’Etat islamique comme matériel pédagogique

Les prédicateurs islamistes radicaux utilisaient un matériel pédagogique bien particulier. A titre d'exemple figurent "des disques de chants religieux à la gloire des martyrs du djihad liés à l'organisation terroriste Jabhat Al Nosra", la branche syrienne d'Al-Qaïda. Sur le disque dur de l’un des habitants de la mosquée, "des vidéos de propagande du groupe Etat islamique" ont également été découvertes. Des documents sur le djihad avaient aussi été retrouvés, lors des perquisitions, chez des dirigeants de la mosquée. Mercredi, le président de l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne, Mohammed Ramdane, affirmait pourtant : "on n'a rien caché, on ne cache rien".

  • Une école privée non déclarée

 Le préfet rappelle qu'"aucune demande d'ouverture d'une école privée n'a été déposée". Et que la construction d'une école coranique "n'a aucunement été validée par le préfet". Le 10 juin 2015, le maire de Lagny avait seulement "déposé un dossier de demande de permis de construire d'un ‘centre culturel et cultuel des musulmans de Lagny’".

  • Des armes lourdes retrouvées

Parallèlement à cet enseignement radical, les prédicateurs étaient armés. "Un pistolet Flobert, 9mm, à grenaille, en état de fonctionnement, transformable en arme de tir à balles", a été retrouvé chez un fidèle, selon le préfet de Seine-et-Marne. Lors des perquisitions, des munitions de calibre 7,62 pour fusil d’assaut, de type kalachnikov, ont également été découvertes, rapporte Le Parisien.

Ces perquisitions avaient conduit à la notification de 22 interdictions de sortie du territoire et à "neuf mesures d'assignation à résidence d'individus radicalisés". Autant d’éléments à charge contre les gérants de ce lieu de culte, fermé au moins jusqu’à la fin de l’état d’urgence en février prochain.