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Noémie Schulz avec , modifié à
Le procès du faux dentiste néerlandais de Château-Chinon, poursuivi pour avoir mutilé une centaine de patients, s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Nevers.

Il a été surnommé le "dentiste de l'horreur". Jacobus Van Nierop, un faux médecin néerlandais, est jugé depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Nevers. Il est accusé d'avoir mutilé une centaine de patients dans son cabinet dentaire de Château-Chinon, dans la Nièvre. Abcès, infections, appareils mal posés, dents saines arrachées... La liste dressée par les victimes est effarante.

"Je suis restée dans son cabinet à pisser le sang".Toutes ont gardé des séquelles de leur passage dans le cabinet du dentiste : abcès récurrents, début de septicémie, implants mal posés qui percent la mâchoire, dents saines arrachées, outils cassés dans les gencives parfois cousues avec la joue... En 2012, quand Sylviane se rend chez le docteur Van Nierop, elle n'imagine pas le calvaire qu'elle va vivre. L’ancienne femme de ménage, qui avait besoin d’un dentier en raison de ses dents très abîmées, se fait arracher huit dents saines.

"Il m’a arraché huit dents d’un coup. Vous vous rendez compte ? J’aime mieux vous dire que j’ai dégusté. De 11 heures du matin jusqu’à 15 heures, je suis restée dans son cabinet à pisser le sang. En plus, ils sont partis à midi déjeuner avec les secrétaires. Ils m’ont laissé toute seule. Heureusement que je suis costaud, j’aurais pu faire un malaise ou autre. Ils sont revenus gentiment, presque en se foutant de moi. En me disant : 'oh madame, on a mangé, vous n’avez pas faim ?' Forcément, je n’avais pas faim, tu parles", rapporte la retraitée de 66 ans.

"Vous avez honte". A présent, quand l’ancienne femme de ménage à la retraite sourit, on découvre une dentition parfaite, "Un dentier", précise-t-elle. Dans cette affaire, Sylviane a perdu huit dents et 8.000 euros. Aujourd'hui, elle attend une condamnation du docteur Van Nierop, mais aussi un dédommagement financier. Elle a dû contracter un prêt pour payer ce qui n'a jamais ressemblé à des soins dentaires.

Sans compter le préjudice moral d’un tel charcutage. "Quand vous vous retrouvez sans dent, sans rien, vous avez honte. Parfois, on m’invitait à manger, mais je ne pouvais pas. Je ne mangeais que de la purée ou de la soupe, que des ingrédients liquides. Moralement, on est mal." Et de résumer : "c’est plus qu’un boucher, c’est un 'bestiaux', on ne peut même pas définir ce qu’il est, ce gars-là."

Très attendu dans ce désert médical. A Château-Chinon, Mark Van Nierop était attendu comme le messie. Pour pallier l'absence de dentiste dans le village, des chasseurs de tête néerlandais avaient soumis la candidature de cet homme au Conseil général du Cher. En novembre 2008, dans l'enthousiasme collectif, Mark Van Nierop ouvre alors son cabinet. Cinq ans plus tard, c'est la désillusion. La Sécurité Sociale recense des centaines de personnes comme étant victimes des négligences du médecin. Un chiffre auquel s'ajoutent les clients payés de la main à la main et les détenus de la prison de Nevers, pris en charge par Mark Van Nierop.