Charlie Hebdo : l'effroyable attentat

© Capture
  • Copié
M.-A.Bindler, C. Bouanchaud et le service police-justice (avec AFP) , modifié à
L'ESSENTIEL DE MERCREDI -  L'immeuble de Charlie Hebdo a été attaqué mercredi par deux assaillants lourdement armés qui ont ensuite pris la fuite, faisant douze morts au total. François Hollande a annoncé une journée de deuil national. 

• L'INFO : UNE FUSILLADE A CHARLIE HEBDO. Un attentat à l'arme automatique a visé les locaux de l'’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, rue Nicolas Appert, dans le 11e arrondissement, mercredi matin, vers 11h30.

• LE BILAN PROVISOIRE : après l'attaque, on déplore un lourd bilan, au moins 12 morts, dont deux policiers, Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet. L'un se trouvait en protection rapprochée de Charb à l'intérieur de la rédaction, l'autre arrivait en renfort à l’extérieur. Les dessinateurs historiques de Charlie Hebdo, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré figurent parmi les victimes. Bernard Maris, économiste médiatique et chroniqueur sur France Inter, a également été tué ainsi que le Clermontois Michel Renaud, la psychiatre Elsa Cayat et le correcteur de l'hebdomadaire Mustapha Ourrad. Un agent de maintenance, Frédéric Boisseau, a aussi été exécuté. Onze autres personnes sont blessées, dont quatre grièvement et "dans une situation d'urgence absolue", selon Bernard Cazeneuve.

>> Un numéro vert a été lancé par la police judiciaire de Paris pour recueillir les témoignages des personnes susceptibles d'avoir croisé la route des suspects. Voici le numéro de l'appel à témoins : 08 05 02 17 17

>> LIRE AUSSI - Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré tués dans la tuerie

• UNE OPÉRATION A REIMS MERCREDI SOIR. Une opération de police d'envergure a commencé mercredi soir à Reims, vers 23h. Auparavant, plusieurs dizaines de véhicules de police avaient quitté le commissariat de Reims pour se rendre dans une caserne de CRS, dans le quartier Croix-Rouge dans l'ouest de la ville.

Les policiers mobilisés ont aussi mené des perquisitions à Strasbourg et dans plusieurs villes de la région parisienne, comme à Pantin ou Gennevilliers. Ces opérations n'avaient donné lieu à aucune interpellation en fin de soirée, selon des sources policières ; et les trois suspects identifiés étaient toujours recherchés mercredi soir. 

• LA FRANCE EN ALERTE. Le plan Vigipirate a été relevé au niveau le plus élevé en Ile-de-France et les sorties scolaires suspendues. Selon l'Intérieur, près de 500 CRS et gendarmes mobiles sont en renfort dans la capitale.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé, mercredi après-midi, la mise en place du plan Vigipirate. "Un télégramme a été envoyé aux préfets de toute la France pour leur demander de prendre toutes les précautions concernant les gares, les lieux de transport, les institutions cultuelles et un certain nombre d'institutions publiques", a-t-il détaillé à l'issue d'une réunion de crise à l'Élysée.

>> LIRE AUSSI - Vigipirate : l'Ile-de-France passe au niveau "alerte attentats"

police.640x1280

© Source police

• CE QU'IL S'EST PASSÉ.

Deux hommes cagoulés, et lourdement armés, ont déboulé mercredi vers 11h30 dans l'immeuble parisien du 11e arrondissement où réside la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Les assaillants ont alors demandé à deux agents de maintenance la localisation exacte des locaux de l'hebdomadaire. Après avoir obtenu satisfaction, les attaquants ont abattu l'un des membres du personnel d'accueil, Frédéric Boisseau.

L'équipe de Charlie Hebdo est en pleine conférence de rédaction quand les deux hommes font irruption. Des journalistes, des dessinateurs et des contributeurs du journal sont alors présents. Les assaillants crient : "nous avons vengé le prophète !" et "Allah akbar", détaille le procureur de la République de Paris, François Molins. Puis les terroristes tirent en "rafales" sur toutes les personnes présentes, avant de s'échapper.

>> LIRE AUSSI - Charlie Hebdo : le scénario de la tuerie

Durant leur fuite, les agresseurs ont blessé par balle puis tué le second policier. Sur une vidéo filmée par un riverain, on voit le policier, touché, se rouler par terre. Un des tireurs s'approche alors de lui et lui tire dessus tout en marchant. Plus tard, dans leur fuite, ils ont ensuite braqué un automobiliste au volant d'une Renault Clio grise et percuté un piéton à hauteur de la porte de Pantin. Un témoin, qui a aperçu les terroristes durant leur cavale près de Pantin, a fait état de trois assaillants, rapporte François Molins, le procureur de Paris. Les forces de l'ordre étaient toujours à leur recherche, mercredi soir.

• ILS RACONTENT

"Ça tirait dans tous les coins". Patrick, un riverain, était en train de s'occuper de son scooter. "Puis j'ai entendu une fusillade. Je me suis approché de l'angle de la rue et j'ai vu, au loin, des silhouettes noires, trois ou quatre, cagoulées, comme si c'était l'anti-gang. Cela tirait dans tous les coins, une grosse pétarade. Un autre voisin les a vu partir après dans une C3 bleu foncé", a-t-il confié au micro d'Europe 1.

A écouter : "j'ai vu deux hommes cagoulés" 

Fusillade à Charlie Hebdo : le témoignage d'un...par Europe1fr

Un journaliste qui travaille dans les locaux en face de "Charlie" a décrit sur i-TELE "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves". 

>> LIRE AUSSI - Charlie Hebdo : "ils voulaient entrer, monter"

• L’ENQUÊTE

Une enquête a été ouverte notamment pour assassinat et tentative d'assassinat, vol à main armée en bande organisée, infractions à la législation sur les armes", "en lien avec une entreprise terroriste", et "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ayant pour objet la préparation d'un ou plusieurs crimes". La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la sous-direction de l'antiterrorisme de la PJ (SDAT) et la section antiterroriste (SAT) de la PJ parisienne ont été saisis de l’enquête.

• LES SUSPECTS

Selon le ministre de l'Intérieur, il y a "trois criminels à l'origine" de l'attaque. La police recherche deux frères, dont un avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d'envoi de combattants en Irak. Un troisième homme âgé de 18 ans figure parmi les suspects. Ils sont "considérés comme dangereux et lourdement armés" par les enquêteurs. Les constatations et les investigations ont mené les enquêteurs sur la piste de ces deux frères, âgés de 32 et 34 ans, nés à Paris et de nationalité française. "Le troisième homme est soupçonné de les avoir aidés dans leur attaque", a expliqué une source policière.

L'un des deux frères est un jihadiste bien connu des services antiterroristes français. Après sa condamnation de 2008, il a été inculpé, avant de bénéficier d'un non-lieu, dans l'enquête sur un projet d'évasion d'un auteur des attentats islamistes de 1995 en France. Cet homme fait partie de ce qui a été appelé "la filière des Buttes-Chaumont", qui visait, sous l'autorité de "l'émir" Farid Benyettou, à envoyer des jihadistes rejoindre en Irak les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda. Interpellé juste avant de s'envoler vers la Syrie, puis vers l'Irak, il a été jugé en 2008 et condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

>> LIRE AUSSI - Les suspects de l'attentat de Charlie Hebdo identifiés

• LES RÉACTIONS 

hollande cazeneuve ITELE 640

© CAPTURE D'ECRAN ITELE

Hollande annonce une journée de deuil national. François Hollande et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve se sont rendus sur place peu de temps après l'attaque. Le président a dénoncé "un acte d'une exceptionnelle barbarie", estimant qu'il ne faisait "pas de doute" qu'il s'agissait d'un "attentat terroriste" à son arrivée sur les lieux. Le chef de l’État a également appelé à "l'unité nationale".

>> LIRE AUSSI - Journée de deuil national, que va-t-il se passer ?

Une réunion ministérielle s'est déroulée en début d'après-midi à l'Elysée. François Hollande s'est ensuite exprimé à 20 heures depuis l’Élysée au cours de laquelle il a annoncé une journée de deuil national pour la journée de jeudi. Une nouvelle réunion de crise est par ailleurs convoquée jeudi à 8h30 à l'Élysée. Cette réunion se tiendra "dans la même formation" que celle convoquée mercredi après-midi dans la foulée de l'attentat et à laquelle participaient, outre le chef de l'État, le Premier ministre Manuel Valls, plusieurs ministres et les responsables des services de sécurité.

>> LIRE AUSSI - Charlie Hebdo : Sarkozy dénonce "une attaque sauvage"