Nice : un brûlot anti-migrants dans le collimateur de la justice

Le parquet de Nice a qualifié lundi la publication de ce "brûlot" d'un esprit "très tordu".
Le parquet de Nice a qualifié lundi la publication de ce "brûlot" d'un esprit "très tordu". © AFP
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avec AFP
La justice concentre aussi son attention sur les commerçants qui ont mis à disposition ce journal gratuit et hostile aux défenseurs des migrants, pour "complicité".

Un journal gratuit hostile aux défenseurs des migrants actifs dans la vallée franco-italienne de la Roya est visé par une enquête préliminaire, a indiqué lundi le parquet de Nice qualifiant la publication de "brûlot" à l'esprit "très tordu".

Les commerçants qui ont mis à disposition dans leurs boutiques les deux premiers numéros parus cet été de A Vugi d'à la Roya (La voix de la Roya, ndlr) sont également dans le collimateur pour "complicité", a précisé lors d'un point presse mensuel le procureur de la République Jean-Michel Prêtre.

Tiré à 5.000 exemplaires. "J'ai pris l'initiative de lancer une enquête confiée à la brigade de recherches de Menton car ce journal est un brûlot qui est fait dans un style excessivement polémique, avec des attaques ad hominem et des qualificatifs injurieux", a-t-il précisé. "Cela se traduira vraisemblablement par des poursuites non seulement à l'égard de l'éventuel directeur de la publication mais aussi des agents de distribution, qui sont des commerces situés entre Tende et Libre", a-t-il ajouté.

"Il est tiré à 5.000 exemplaires sur des fonds qu'on ne connaît pas. C'est un gratuit dont les publicités sont pour l'essentiel fictives et provocatrices. Il fait semblant que les gens passent des publicités pour les mettre en difficulté, c'est très, très tordu", a-t-il poursuivi.

"Un grand bol d'air". Le premier numéro est paru le 24 juillet, avec à la Une, la photo d'un militant de la défense des migrants traité de "bwana des migrants". Le journal compte parmi ses soutiens Nicolas Zahar, un agent immobilier candidat aux législatives 2017 soutenu par Jean-Marie Le Pen selon lequel la population excédée par la publicité faite autour des défenseurs des migrants "s'est ruée sur le journal et y a vu comme un grand bol d'air".

"Je fais partie des quatre commerçants convoqués au tribunal en tant que soutien du rédacteur", Rodolphe Crevelle, précise Nicolas Zahar: "Je l'ai pris en sympathie et logé mais je ne suis pas son censeur, il ne m'a même pas montré les articles avant de les publier". Directeur de publication d'un hebdomadaire lillois au début des années 2000, Rodolphe Crevelle a été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la discrimination raciale, notamment à Perpignan en 2008 pour un article stigmatisant les musulmans, paru en 2006 dans un gratuit distribué dans le grand sud-ouest, Sud Journal.