Les policiers craignent la fin de la gratuité de leur pass Navigo

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Guillaume Biet et M.-A.B. , modifié à
Les fonctionnaires d'Ile-de-France ne payaient pas jusqu'à présent leur carte de transports. Les syndicats craignent que la direction générale de la police supprime cet avantage.

La grogne des policiers d’Ile-de-France se fait entendre. Les fonctionnaires ont appris récemment que l'administration entendait revenir sur un avantage dont ils bénéficient depuis 1949 : la carte de transports en commun gratuite. Cet avantage s’explique par le fait que les policiers ont l'obligation d'intervenir même hors service s'ils assistent à une infraction dans le bus ou le métro. Mais cette gratuité coûte très cher et il se trouve que son principe même est contesté par la Cour des comptes. Mais du côté des syndicats de police, tous sont fermement opposés à la remise en cause de ce système.

24 millions d’euros par an. Ils sont près de 30.000 policiers d'Ile-de-France à bénéficier de la carte de transports gratuite, le fameux pass Navigo. Qu'ils s'en servent toute la journée, comme les policiers du métro, ou qu'ils ne l'utilisent jamais, ils y ont tous droit. Un avantage qui a un coût pour la police : 24 millions d'euros par an. Et la convention qui lie la police et le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) arrive à échéance à la fin de l’année 2015. Or, dans un avis rendu en 2011, la Cour des comptes a estimé que ce système était illégal.

"C'est un acquis de plus qu'on nous enlève". D'après les syndicats, les gestionnaires de la police voudraient donc supprimer ce pass gratuit ou en faire payer la moitié aux fonctionnaires, comme pour les salariés du privé. Ils jugent un tel ajustement inadmissible. "Ce point-là, le pass Navigo, c'est crucial : tout le monde y tient. L'administration pense que certains l’utilisent peu, voire pas du tout. Mais le jour où l'on doit l'utiliser, comment fait-on ? Moi je ne veux pas avoir à faire la queue pour acheter mon billet afin de pouvoir secourir une personne. Parfois les minutes et les secondes sont cruciales", argumente au micro d’Europe 1 Fabien Vanhemelryck, secrétaire national Ile-de-France du syndicat Alliance. "C'est un acquis de plus qu'on nous enlève. Et aujourd'hui ce n'est pas possible parce que c'est encore 35 euros en moins pour un jeune fonctionnaire qui rentre dans la police et qui en touche 1.500", déplore-t-il.

Les policiers "de terrain" ne seraient pas inquiétés. De son côté, la direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN) précise qu'elle souhaite maintenir le pass gratuit à tous les policiers de terrain et n'en payer que la moitié aux autres : ceux qui travaillent dans les bureaux comme au support informatique ou aux ressources humaines par exemple. Pas d’économies de bout de chandelle donc, mais la volonté de légaliser ce dispositif, tout en arrêtant de payer pour certaines cartes qui dorment dans les tiroirs. En effet, selon des chiffres fournis par le STIF, 70% des pass attribués aux policiers franciliens sont utilisés pour une dizaine d’allers-retours par mois en moyenne, d’autres ne servent que quelques fois par an.