Incendies à Berre-l'Etang : "un acte criminel" selon Bernard Cazeneuve

berre-letang 1280
© AFP
  • Copié
, Guillaume Biet et C.P.-R. avec AFP , modifié à
La piste criminelle ne fait désormais plus aucun doute dans la double explosion sur le site pétrochimique du groupe LyondellBasell. Un troisième dispositif de mise à feu a été découvert, intact, sur une autre cuve que les deux ayant explosé mardi. 

Les deux explosions et incendies de Berre-l'Etang relèvent d'un "acte criminel, dont la motivation n'est pas établie", selon les mots mercredi du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Le ministre écarte ainsi une bonne fois pour toute la piste accidentelle dans l'enquête sur l'incident survenu mardi sur le site pétrochimique du groupe LyondellBasell, près de l'étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône. 

 

Les informations à retenir : 

  • Il s'agit d'un "acte criminel" selon Cazeneuve
  • Un troisième dispositif de mise à feu a été retrouvé sur une cuve
  • Pour l'heure, l'acte n'a pas été revendiqué

"Un acte criminel, dont la motivation n'est pas établie". "Il y a une enquête en cours, les premiers éléments qui sont communiqués montrent qu'il s'agit d'un acte criminel, dont la motivation n'est pas établie", a déclaré Bernard Cazeneuve à l'Assemblée nationale, mercredi, ce qu'a confirmé la procureure de la République d'Aix-en-Provence, Dominique Moyal, lors d'un point sur l'enquête, mercredi en fin de journée.

Un dispositif électrique et un trou dans le grillage. Mercredi matin, des membres de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) et des gendarmes de la section de recherches de Marseille, auxquels une enquête pour destruction par incendie a été confiée par le parquet d'Aix-en-Provence, ont repris "avec une sécurisation renforcée" leurs constatations sur le site. C'est là qu'un dispositif électrique pouvant laisser penser à un système de mis à feu a été retrouvé, selon nos informations. Les gendarmes ont aussi constaté qu'un passage avait été pratiqué à travers le grillage, près d'une des cuves incendiées, sans pouvoir en revanche déterminer s'il s'agit d'une ouverture récente ou plus ancienne et si cette dernière avait été empruntée récemment.  

Une troisième dispositif de mise à feu retrouvé. Les enquêteurs disposent désormais d’un élément capital puisque les gendarmes de la section de recherches de Marseille ont découvert un système de mise à feu intact, mercredi. Celui-ci était installé sur le toit d'une troisième cuve de produit pétrolier mais n'a pas fonctionné. Le dispositif, "de même nature" que celui retrouvé à proximité d'une des deux cuves incendiées, "a produit quelques dommages sur le couvercle, mais n'a pas provoqué l'étincelle et l'incendie qui étaient sans doute attendus", a déclaré la procureure. Les enquêteurs essaient encore de récupérer "en toute sécurité".

Le spectre des explosifs de Miramas. Cet incident intervient quelques jours après le vol, révélé par Europe 1, d'une dizaine de pains explosifs et de 180 détonateurs dans un dépôt de munitions de l'Armée de terre à Miramas, à une vingtaine de kilomètres de Berre-l'Etang. Interrogé sur un éventuel rapprochement entre ces deux affaires, le sous-préfet d'Istres, Jean-Marc Sénateur, avait estimé mardi que les enquêteurs "pouvaient se poser la question", mais qu'il était trop tôt pour établir un tel lien.

Deux explosions, deux incendies. Les faits se sont produits vers 3 heures mardi, quand deux explosions ont retenti sur ce site du groupe LyondellBasell. Ces deux explosions ont entraîné des incendies. L'un d'eux, touchant une cuve d'essence, a été maîtrisé tôt mardi, le deuxième, contenant 48.000 m3 de naphta - un dérivé liquide de pétrole - a quant à lui brûlé jusque vers 11h30. Dominique Moyal a annoncé qu'un témoignage avec une vidéo atteste du caractère simultané de ces explosions qui sont intervenues à trois secondes d'intervalle sur deux cuves distantes de 300 mètres environ. 

Aucune revendication. Pour l'instant, personne ne prononce le mot "attentat". En effet, les enquêteurs ignorent le mobile du ou des responsables des explosions. D'autant que depuis hier, aucune revendication n'a été transmise. Alors qu’il était en déplacement à Marseille avec le président mexicain Enrique Pena NietoFrançois, Hollande a promis mercredi soir que l'Etat ferait "tout pour connaître les circonstances de ce qui s'est produit" et que "les auteurs" seraient "pourchassés, retrouvés et condamnés". En attendant, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé aux préfets une vigilance renforcée sur les sites industriels sensibles de France, notamment ceux classés Seveso.