Attaque à l'aéroport d'Orly : "Je suis là pour mourir par Allah", a lancé l'assaillant

Orly, fusillade, aéroport, raid, 18 mars crédit : BENJAMIN CREMEL / AFP - 1280
L'aéroport d'Orly a été évacué après une fusillade © BENJAMIN CREMEL / AFP
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avec AFP , modifié à
Un homme a été abattu à l'aéroport d'Orly après s'être emparé de l'arme d'un militaire, selon le ministère de l'Intérieur. Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête et trois personnes sont entendues sous le régime de la garde à vue.

Un homme a été abattu samedi matin par les forces de sécurité à l'aéroport d'Orly-Sud, dans le Val-de-Marne, après avoir dérobé une arme à une militaire de l'opération Sentinelle, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête.

Les informations à retenir : 

  • Un homme a été abattu à l'aéroport d'Orly-Sud après s'être emparé de l'arme d'une militaire de l'opération Sentinelle
  • L'assaillant était un Français de 39 ans "détecté comme radicalisé". Il a crié : "Je suis là pour mourir par Allah" 
  • Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête et trois personnes sont entendues sous le régime de la garde à vue

L'assaillant s'empare d'un Famas. Vers 8h samedi, au premier étage du hall 1 de l'aéroport d'Orly-Sud, "un homme a dérobé une arme à un militaire d'une patrouille Sentinelle (...) avant d'être abattu par les forces de sécurité", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. "Il n'y a pas de blessé", a-t-on précisé de même source. Les deux autres militaires de la patrouille, des aviateurs de l'armée de l'air, ont abattu l'assaillant, chacun a tiré trois coups.

Selon le procureur de la République de Paris, l'assaillant a d'abord jeté un sac au sol "contenant un bidon d'hydrocarbures" avant de s'en prendre à la militaire. "Arme de poing à la main et sacoche en bandoulière, il a attrapé son bras gauche et lui a pointé un revolver à la tempe", relate François Molins. L'homme a alors lancé aux deux collègues de la militaire : "Posez vos armes ! Mains sur la tête ! Je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts", rapporte encore le procureur.

Au terme d'un corps-à-corps avec la jeune militaire, il parvient à se saisir de son Famas avant d'être abattu par un autre soldat de la patrouille. "Les deux minutes (de confrontation) avec les militaires démontrent de façon assez évidente la très forte volonté de l'agresseur (...) Il y a une volonté très forte d'aller au bout de ce processus", a affirmé le procureur. Selon ce dernier, l'assaillant avait par ailleurs sur lui un briquet, un paquet de cigarettes, un Coran, ainsi que 750 euros en liquide.

Le même homme à Garges-lès-Gonesse et à Orly. Un peu plus tôt dans la matinée, vers 7h du matin, le même assaillant avait pris pour cible trois policiers et légèrement blessé l'un d'entre eux lors d'un contrôle routier à Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise, à une quarantaine de kilomètres de l'aéroport. L'homme faisait l'objet d'un contrôle routier car il roulait à vive allure. Il a présenté ses papiers puis a sorti son revolver et a tiré en direction d'un policier. Ce dernier, blessé, s'est vu prescrire trois jours d'incapacité temporaire de travail. 

L'homme a ensuite pris la fuite au volant de sa voiture, une Clio noire, en direction de Vitry-sur-Seine. Là, il rentre dans un bar où il a ses habitudes et dans lequel il était passé la veille, a indiqué François Molin. Il met en joue les clients et tire à quatre reprises, sans faire de blessé, abandonnant au passage son téléphone portable sur place. Il prend la fuite de nouveau à bord de sa voiture, avant de voler à une femme sa Citroën un peu plus tard, avec laquelle il se rend à Orly. 

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Crédit photo : BENJAMIN CREMEL / AFP

"Détecté comme radicalisé". L'assaillant était un Français de 39 ans, connu pour des faits de droit commun. Il est fiché "J" au Fichier des personnes recherchées (FPR), c'est-à-dire qu'il était recherché par la police judiciaire. Son casier judiciaire comporte "neuf mentions" pour des vols à main armée et du trafic de stupéfiants. "Détecté comme radicalisé" lors d'un passage en prison, il avait fait l'objet en 2015 d'une perquisition administrative, qui "n'avait rien donné", a précisé une source policière. Selon les informations d'Europe 1, il aurait passé une quinzaine d'années en prison. Il est sorti en novembre dernier de la prison de Fresnes. 

Le parquet anti-terroriste se saisit de l'enquête. Une enquête en flagrance, confiée à la section anti-terroriste de la Brigade criminelle (SAT), la sous-direction anti-terroriste (SDAT) de la police judiciaire et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a été ouverte pour tentative d'homicide et tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Le choix de la cible, des militaires de l'opération Sentinelle, "correspond aux mots d'ordre diffusés par les organisations terroristes djihadistes", a par ailleurs relevé le procureur.

Une perquisition a été effectuée au domicile de l'homme abattu, à Garges-lès-Gonesse, samedi en début d'après-midi, selon des sources proches de l'enquête. Une autopsie est également prévue dimanche sur sa dépouille pour déterminer s'il avait consommé de la drogue, de l'alcool ou des médicaments. 

Trois personnes entendues. Trois personnes de son entourage sont en garde à vue : son père, son frère et un cousin âgé de 35 ans, qui se sont tous trois présentés spontanément à la police. Ce dernier avait rencontré l'assaillant durant la nuit qui a précédé les faits, au bar de Vitry-sur-Seine. Le père, retraité, ne comprend pas et n'imagine pas de connotation terroriste dans le geste de son fils, consommateur de drogues, qu'il décrit comme "fragile psychologiquement". Selon une source proche de l'enquête, le père et le frère ont déclaré aux enquêteurs avoir été appelés par l'assaillant qui leur a dit : "J'ai fait des bêtises, j'ai tiré sur des gens et on m'a tiré dessus".

orly fusillade crédit : CHRISTOPHE SIMON / AFP

Le trafic aérien reprend progressivement. À l'aéroport d'Orly, un large dispositif de sécurité avait été mis en place : hormis le Raid, la BRI, les pompiers et la Protection civile qui ont été dépêchés sur place, une opération de déminage a été effectuée pour vérifier la présence d'explosifs, qui s'est avérée nulle. "Fortement choqués", les trois militaires de l'opération Sentinelle visés ont été pris en charge par les secours, selon des sources policières. Près de 3.000 personnes ont par ailleurs dû être évacuées du terminal Sud, conduisant à des scènes de confusion et de panique dans les premiers instants. 

Après plusieurs heures d'interruption, Aéroports de Paris a annoncé la reprise "progressive" du trafic, vers 13H à Orly-Ouest, puis 15H pour Orly-Sud. Selon Aéroports de Paris, 178 vols ont été annulés au total, sur les 476 prévus samedi au départ et à l'arrivée d'Orly. Trente-quatre vols ont par ailleurs été déroutés : parmi eux, 33 ont atterri à Roissy-Charles-de-Gaulle, et un à Beauvais. Le trafic devrait reprendre normalement dimanche. 

aéroport d'Orly, attaque, 18 mars, passagers crédit :CHRISTOPHE SIMON / AFP