Escortes de détenus en permission : la proposition de Taubira critiquée

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Chloé Triomphe avec , modifié à
La ministre de la Justice envisage de mettre en place "systématiquement" des "escortes" pour certains détenus en permission. Les surveillants jugent cette mesure "ubuesque".

La réponse de Christiane Taubira à la colère des policiers, après la fusillade qui touché lundi l’un d’entre eux, ne satisfait personne. La ministre de la Justice envisage de mettre en place "systématiquement" des "escortes" pour certains détenus en permission. De son côté, Manuel Valls a déclaré mercredi que la législation sur les permissions de sortie de prison devrait "sans doute" être revue. Les surveillants de prison, eux, déplorent un manque d’effectif qui ne leur permet pas de remplir leurs fonctions de base, comme escorter les détenus à l’hôpital pour des examens médicaux. Ils fustigent donc l’annonce de la garde des Sceaux, inapplicable selon eux.

Ingérable au quotidien. La mesure ne résisterait pas à l'épreuve du terrain. C’est le sentiment unanimement partagé par les personnels pénitentiaire, qui doivent déjà faire face aux rendez-vous avec les juges pour les audiences, pour les déplacements à l'hôpital, ou encore pour les rendez-vous de réinsertion. Selon Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap, premier syndicat pénitentiaire, il est impossible de gérer, en plus du quotidien, des individus identifiés comme potentiellement dangereux à l'extérieur.

"C'est du grand n'importe quoi". "Si le détenu ne donne pas les conditions nécessaires à sa permission de sortie alors il ne faut pas lui accorder. Nous avons une difficulté en termes d'effectifs qui est énorme. Il manque 1.200 à 1.300 surveillants pour travailler au quotidien pour faire nos missions de base de sécurité publique à l'intérieur des prisons. Ce sont les chiffres de l'administration. Et on nous demande de prendre en charge à l'extérieur des situations qui sont de plus en plus invraisemblables et ubuesques. Je ne sais pas qui a soufflé cette idée à la garde des Sceaux mais c'est du grand n'importe quoi", estime le syndicaliste au micro d’Europe 1.

Il faut à présent attendre les conclusions de l'enquête, commandée par la chancellerie, et qui devraient intervenir dans les semaines qui viennent.