Enfer du handicap : une mère jugée pour avoir tué sa fille

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Noémie Schulz avec , modifié à
Une mère de famille comparaît devant la cour d’assises de Rennes pour avoir tué sa petite fille de 8 ans, lourdement handicapée, avant de tenter de mettre fin à ses jours.

C’est le procès sur l'enfer du handicap qui s'ouvre lundi aux assises de Rennes. Une mère de famille est accusée d'avoir tué sa petite fille de 8 ans, lourdement handicapée, avant de tenter de mettre fin à ses jours. Les juges et les jurés disposent de deux jours pour tenter de comprendre comment cette femme a pu en arriver à tuer sa fille, qu'elle n'avait jamais maltraitée. Elle encourt la prison à perpétuité.

Une petite fille qui demandait une présence constante. Pendant 8 ans, Laurence s'est occupée seule de sa fille. Jour après jour, elle a nourri, lavé, porté, câliné cette enfant handicapée motrice et cérébrale. Méline ne pouvait rien faire toute seule. A sa naissance, sa mère n'a donc pas eu d'autre choix que d'arrêter de travailler.

Mais un matin d'août 2010, Laurence, alors âgée de 44 ans, n'a plus eu la force. Après avoir drogué sa fille, elle l’étrangle, avant de tenter de se donner la mort. C'est sa propre mère, avec qui elle vivait, qui la trouvera à temps pour appeler les secours. Elle est alors acheminée au centre hospitalier de Saint-Malo. Entendue, elle reconnaît "succinctement le caractère volontaire de l'homicide".

Un parcours du combattant pour les parents. Cinq ans après ce drame, les juges et les jurés vont tenter de comprendre ce qui a amené Laurence à commettre le pire, alors que Méline était sur le point de faire sa rentrée dans un centre spécialisé à Saint-Malo, où elles venaient de s'installer, après avoir vécu plusieurs années à Paris.

Pour son avocat, Me Eric Dupond Moretti, ce drame est celui de l'enfer du handicap. Et de l'immense solitude des parents, très mal accompagnés dans le parcours du combattant qu'est la vie d'un enfant handicapé.

La justice généralement clémente. Il y a chaque année des infanticides de ce type. Et la justice se montre assez clémente. Elle rappelle le droit de vivre de ces enfants différents, mais elle prend en compte le désespoir des parents. Ceux-ci sont donc généralement condamnés, mais presque toujours avec du sursis.