Disparues de l’A6 : Mura nie avoir tué Christelle Maillery

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Jean-Pierre Mura dans le box des accusés aux assises de Chalon-sur-Saône, à l'ouverture de son procès, le 10 juin 2015. © JEFF PACHOUD / AFP
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Jean-Luc Boujon et avec AFP
JUSTICE - Au premier jour de son procès devant les assises de Saône-et-Loire mercredi, Jean-Pierre Mura a nié avoir tué Christelle Maillery en 1986. 

Si l’accusé a nié les faits qui lui sont reprochés lors de cette première journée d’audience, pour la mère de Christelle Maillery, ce procès est déjà une première victoire. Marie Pichon a en effet longtemps cru que le meurtre de sa fille resterait à jamais un mystère. Christelle Maillery, jeune collégienne de 16 ans a été tuée de 32 coups de couteaux un soir de décembre 1986, au Creusot, en Saône-et-Loire.

Mais en 1990, l’affaire est close avec un non-lieu. Il aura fallu attendre plus de vingt ans pour que cold case rebondisse avec l’arrestation de Jean-Pierre Mura, en décembre 2011, grâce à l’intervention d’un détective privé. Le suspect est alors mis en examen pour meurtre.

L’accusé nie en bloc. Dans le box des accusés, Jean-Pierre Mura s’exprime avec un fort accent bourguignon ce qui lui donne un petit côté "idiot du village" dont il semble jouer volontiers. D’apparence rustre, cet homme de petite taille en jean et polo noir affirme n’avoir rien à voir avec le meurtre de Christelle. D’ailleurs, soutient-il, il ne la connaissait même pas. "Je n'ai tué personne. Ce n'est pas moi qui ai tué cette petite fille", lâche le métallier-ferronnier de profession.

Un habitué du quartier de la victime. Pourtant, cet homme reconnu schizophrène depuis 1990 fréquentait régulièrement l'immeuble où vivait la famille Maillery pour rendre visite à ses amis. Ayant même habité le quartier des Charmilles jusqu'en 1982, Jean-Pierre Mura a été impliqué adolescent dans des cambriolages de caves dans cette même résidence.

Or, c'est dans l’une de ces caves que le corps de Christelle, lardé de coups de couteaux, est retrouvé quelques heures après sa disparition, le 18 décembre 1986. Le premier meurtre d'une série de ceux, toujours non élucidés, de jeunes filles, dans les années 1980 et 1990, connues sous le nom des "disparues de l'A6".

Tergiversations. Devant la cour d’assises, l’accusé, incohérent, se contredit lui-même : "J'aurais voulu la connaître pour sortir avec" elle dit-il, se perdant par ailleurs dans certaines dates. Instable tout au long de sa vie, Jean-Pierre Mura a consommé du cannabis, de l'alcool puis du subutex et a fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique. 

"Ma conviction, c’est que c’est lui". Une confusion qui agace la mère de Christelle Maillery. Auprès d’Europe 1, Marie Pichon confie qu’elle souhaite "qu’il avoue pourquoi il a fait ça à ma fille". "Ma conviction, c’est que c’est lui", insiste-t-elle. "Il s’est rappelé des petits choses au moment du transport sur les lieux, donc pour moi c’est lui", n’en démord pas cette femme, rongée par l’attente de connaître enfin la vérité.

Une douleur aussi forte qu’au premier jour. "Pour moi, il se rappelle de tout", conclut la mère de Christelle qui mène "sa bataille depuis trente ans" et pour qui "la douleur est presque aussi forte qu’au premier jour".

Pour Me Didier Seban, l’un des avocats de la partie civile, Jean-Pierre Mura "est confus dès qu'il sent qu'il est en difficulté". "Il ne faudra pas trop de huit jours pour qu'une vérité sorte", poursuit-il, rappelant certaines des charges pesant sur l'accusé comme "son obsession de Christelle Maillery" et sa "fascination pour les couteaux".

"C’est le policier qui a tout inventé". Mais dans le box, Jean-Pierre Mura continue de jouer au benêt de service et nie en bloc. L’homme de 47 ans conteste par exemple sa déclaration spontanée aux enquêteurs dans laquelle il s’était accusé du meurtre, il y a quelques années. Et d’expliquer, très sérieusement : "Moi, je n’ai jamais rien dit, c’est le policier qui a tout inventé".