Crash d'un A400 M : un avion devenu un boulet pour Airbus

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L'Airbus A400 M (illustration) © AFP/BERTRAND GUAY
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Gabriel Vedrenne avec Salomé Legrand et Gaetan Supertino , modifié à
Les armées allemande, britannique et turque immobilisent leurs appareils après le crash mortel de samedi. La France ne fera voler que les vols "prioritaires".

Quatre personnes sont mortes et deux autres ont été grièvement blessés dans le crash d'un Airbus A400 M, qui s'est écrasé samedi lors d'un vol d'entrainement près de Séville, dans le sud de l'Espagne. Au delà du drame, il s'agit d'un coup dur pour l'avionneur basé à Toulouse : c'est le premier accident mortel de ce nouvel avion de transport militaire, destiné à devenir un fleuron du constructeur... mais qui fait pour l'heure office de boulet.

Les A400 M restent cloué au sol. Les armées allemande, turque et britannique ont même décidé d'immobiliser leurs A400 M (l'Allemagne en possède un, la Turquie et la Grande-Bretagne deux) en attendant que la lumière soit faite. Côté français, le ministre de la Défense a précisé dimanche que "seuls les vols extrêmement prioritaires en opérations seront autorisés", jusqu'à ce que nous ayons les éléments sur l'accident. Et si les ministres français et espagnol de la Défense ont affiché dimanche leur soutien à Airbus, appelant à "ne pas tirer de conclusions hâtives", il n'en demeure pas moins que ce dernier accumule les problèmes.

Un avion ultra-moderne...  Airbus comptait en faire l’avion-cargo militaire de demain, archi-polyvalent, capable de transporter du matériel, des chars et des troupes, (jusqu’à 116 hommes). L’A400M a été conçu pour remplacer le Transall et peut transporter jusqu’à 37 tonnes sur 3 300 kilomètres. Mais l’appareil, conçu en 2003, vole dans l’armée de l’air française depuis quelques mois seulement.

Près de 14 ans après sa conception, il n’y a que 12 exemplaires livré, alors que 174 appareils ont été commandés. Et pour cause : très pointu, très complexe, sa construction demande beaucoup de travail. Airbus a même, un temps, songé à abandonner le programme. L'appareil aurait même déjà coûté plus de six milliards d'euros de plus que prévu à l'avionneur.

... Qui a déjà connu des déboires avant le crash. L’avion testé samedi devait être livré à la Turquie. Si le programme n’est pas remis en cause, les prochaines livraisons prévues devraient accuser de nouveaux délais, le temps de comprendre ce qui s’est passé, et de corriger les éventuels défauts détectés. Un nouveau déboire pour l'appareil. L'Allemagne, par exemple, n'a reçu qu'un seul des 53 appareils qu'elle avait commandé, et avec quatre ans de retard. L'armée de l'air avait relevé plus de 800 anomalies lors d'un premier contrôle. 

Où en est l'enquête ? L'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la France attendent désormais les résultats de l'enquête avant de refaire voler leurs A400 M. Ce que l'on sait pour l'instant, c'est que le mastodonte s'est écrasé dans un champ au nord de l'aéroport samedi vers 13 heures lors d'un vol d'essai après avoir heurté une ligne à haute tension, en tentant apparemment un atterrissage de fortune. Les deux boîtes noires de l'avion ont été retrouvées dimanche et remises aux enquêteurs, ont annoncé dimanche les autorités espagnoles.

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