Crash de l'A320 : Andreas Lubitz "était bien dépressif"

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Julien Pearce, envoyé spécial à Düsseldorf, avec Jean-Jacques Héry et , modifié à
ENQUÊTE - Au cours de l'année 2009, le copilote de l'A320 de Germanwings, en pleine formation de pilote, aurait lui-même demandé un congé de six mois à cause d'un "burn-out".

Jeudi, le patron de la Lufthansa, Carsten Spohr, affirmait devant la presse qu'Andreas Lubitz, le copilote de l'A320, considéré comme responsable du crash de l'avion, avait passé et réussi "tous les tests psychologiques". Avant de toutefois révéler que le jeune homme avait interrompu sa formation de pilote durant plusieurs mois, sans expliquer pourquoi. Le tabloïd allemand Bild a révélé vendredi que cette "pause" était due un état de dépression grave.

Des soins psychiatriques lors de sa formation. Andreas Lubitz a été placé en établissement psychiatrique, il y a six ans, lors de sa formation de pilote. C'est ce que révèle le dossier médical du copilote, selon le Bild. En 2009, victime d'attaques de peur et de crises de panique, il ne peut alors plus suivre son apprentissage. Pendant sa formation, Andreas avait été jugé à plusieurs reprises comme incapable de voler car trop faible psychologiquement.

Un pilote sous contrôles réguliers... Mais Andreas Lubitz a finalement réussi à obtenir sa licence de pilote. Un document qui comporte dans son cas une mention bien particulière. Il s'agit de trois lettres : SIC, qui signifie que le pilote peut voler mais doit cependant faire l'objet de contrôles médicaux spéciaux très réguliers. Il s'agit d'une recommandation de l’office allemand de l’aviation civile. Le centre médical de Lufthansa a d'ores et déjà confirmé cette information que Carsten Spohr, patron de la compagnie, avait refusé de commenter la veille, estimant qu'Andreas Lubitz était "100% apte à voler".

... qui devait être en arrêt de travail le jour du crash. Des perquisitions ont été menées jeudi soir dans la maison des parents d'Andreas Lubitz, ainsi que dans l'appartement du copilote, à Düsseldorf. Les enquêteurs ont emporté l'unité centrale d'un ordinateur et sont également repartis avec deux grands sacs et un carton. Selon le parquet allemand, le copilote a caché qu'il était en arrêt de travail le jour du crash. Les enquêteurs ont retrouvé chez lui des formulaires d'"arrêts maladie détaillés, déchirés" et qui concernaient aussi "le jour des faits", a affirmé le Parquet dans un communiqué, sans préciser la nature de la "maladie".

Ces documents viennent "appuyer la thèse" selon laquelle Andreas Lubitz, "a caché sa maladie à son employeur et à son environnement professionnel", selon le parquet. Les documents retrouvés attestent d'une "maladie existante et de traitements médicaux correspondants", selon la même source. En revanche, aucune lettre d'adieux ou courrier annonçant un acte prémédité n'a été découvert.

Le patron de la Lufthansa confirme la pause… Mais pas la dépression. En conférence de presse, Carsten Spohr, patron de la compagnie Lufthansa, maison-mère de Germanwings, a confirmé cette pause dans la formation du copilote allemand. Mais il a expliqué ne pas en connaître les raisons. Pour lui, Andreas Lubitz était "100% apte à voler", précisant que la compagnie aérienne veillait aussi, en plus des "connaissances cognitives et techniques", sur la "capacité psychologique des candidats à prendre les commandes d'un avion". Mais sur l'aspect dépressif du copilote de l'Airbus A320, la Lufthansa n'a pas souhaité apporter sa confirmation : "aucun commentaire", a répondu la maison-mère de la compagnie low-cost.

Des consultations à l'hôpital en février et mars. Vendredi, on a par ailleurs appris qu'Andreas Lubitz avait consulté dans un centre hospitalier de Düsseldorf en février et ce mois-ci, la dernière fois le 10 mars. Si l'établissement a déclaré qu'Andreas Lubitz n'a pas été soigné dans ses services pour une dépression, il a précisé que le jeune homme avait subi des examens, sans toutefois donner plus de détails en raison du secret médical.

"Oui, il était bien dépressif". C'est le quotidien allemand Der Spiegel qui a soulevé l'hypothèse de la dépression en premier. Le quotidien d'outre-Rhin, évoquait une pause en raison d'un burn-out lors de sa formation, survenue en 2009, en pleine formation à l'école de pilotage, le jeune Allemand avait demandé à faire une pause de son apprentissage en raison d'un "burn-out", avançait le quotidien d'outre-Rhin. Matthias Gebauer, journaliste pour Der Spiegel, a expliqué sur Twitter avoir contacté des amis d'Andreas Lubitz. Ces derniers ont confirmé que le copilote avait fait un burn-out ou une dépression en 2009. C'est précisément pour cette raison qu'il aurait interrompu sa formation.

C'est ce qu'a confirmé un proche du copilote à l'envoyé spécial d'Europe 1 dans son village natal, Montabaur. "Ici on sait que l'année dernière il avait fait une dépression. Mais je ne connais pas la raison exacte. Je sais juste qu'il s'est passé quelque chose et qu'il a été suspendu", témoigne David, un proche d'Andreas Lubitz. "À un moment donné, il a reçu la nouvelle comme quoi, puisqu'il était dépressif, il ne pouvait pas voler, il ne pouvait pas exercer son métier", a-t-il ajouté avant de conclure : "Oui, il était bien dépressif et c'était même connu ici, dans son village". 

Le témoignage de la mère d'une camarade de classe d'Andreas Lubitz. Un autre témoignage vient corroborer les propos des amis du copilote. C'est celui de la mère d'une ancienne camarade de classe d'Andreas Lubitz. Elle s'est confiée dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung  un autre journal allemand. Si elle décrit le copilote comme "un gentil garçon venant d'une bonne famille", elle explique qu'il y a quelques années, il avait confié à sa fille avoir fait une pause dans sa formation. "Apparemment, il était en burn-out, en dépression", soutient-elle. Enfin, auditionnée par la police allemande, la petite amie du jeune homme a elle aussi confirmé qu'il traversait bien une grave dépression.

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