Collégienne rackettée : "Elles lui ont fracturé la mâchoire à coups de genoux"

L'agression a eu lieu à environ 200 mètres de la sortie du collège Clément Guyard, à Créteil.
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Sandrine Prioul et C.P.-R. , modifié à
Le père de la jeune fille de 12 ans, dépouillée depuis plusieurs mois à la sortie de son collège à Créteil, témoigne auprès d'Europe 1.  
TÉMOIGNAGE

Elle subissait un calvaire depuis l'automne dernier. Les parents d'une élève de 12 ans, scolarisée au collège Clément Guyard à Créteil, ont découvert mardi que leur fille se faisait régulièrement racketter par une bande de six adolescentes. Ce jour-là, c'est la mère de famille qui a croisé sa fille, dans les rues de la ville, alors qu'elle faisait ses courses. Totalement hagarde, en sang, elle venait de se faire passer à tabac. Son père raconte à Europe 1 le supplice vécu par sa fille.

Armées d'"un couteau de boucher". Ce mardi, "elles l'attendaient à six avec un couteau de boucher, à peu près à 200 mètres du collège", explique-t-il. "Elles ont commencé à la frapper et elles ont dit à ma fille : 'on te prévient, si les flics arrivent, tu dis bien qu'on est tes amies, qu'on est là pour te défendre et que celles qui t'ont agressée se sont sauvées'."

La bande d'adolescentes contraint alors la jeune fille à voler pour qu'elles puissent boire et manger. "Elles l'ont rentrée dans une épicerie et elles lui ont dit : 'bah tu vas nous voler des canettes et des gâteaux'. Elle s'est exécutée, puis elles se sont sauvées un peu plus loin".

"Une déferlante de violence". "Là, c'était une déferlante de violence", livre le père, avant de décrire avec peine : "Elles ont déshabillé ma fille. Elles l'ont littéralement lynchée… Elles lui ont uriné dessus. Ensuite, elles avaient une cigarette, elles l'ont brûlée avec au niveau du front, des bras. Elles lui ont fracturé la mâchoire avec des coups de genoux, et avec le couteau, elles l'ont lacérée un peu partout."

"De la demande à l'ordre". Le couple a mis des mois à s'apercevoir la situation subie par leur fille. Lundi, elle leur avait volé 50 euros, pour tenter de remettre la somme exigée par ses racketteuses. "Dans ce genre d'histoires, l'ennemi numéro 1 c'est le fait que l'enfant puisse ne rien dévoiler. C'est très compliqué, elle se murait dans le silence. Comme elle nous a dit au final, 'j'avais peur de vous ramener des problèmes'", analyse le père.

"Au départ, ça démarre par 'est-ce que tu peux me prêter cinq euros ?' Et puis le résultat des courses, c'est : 'est-ce que tu peux me prêter 15 euros, 20 euros ?' Et à un moment donné, ce n'est plus 'est-ce que tu peux ?', c'est 'tu vas'. De la demande, on passe à l'ordre."

Des mesures d'éloignement requises. Aujourd'hui, les parents se disent "sidérés". Le père confie : "C'est l'incompréhension totale. Des filles qui se comportent de la sorte, il n'y a pas d'explications…" D'après les informations d'Europe 1, quatre des jeunes filles incriminées ont été arrêtées par la police. Trois d'entre elles ont été présentées à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen, a-t-on appris vendredi. La quatrième devrait être entendue plus tard.

Toujours d'après les informations d'Europe 1, le parquet de Créteil a requis contre elles des mesures d’éloignement et a ouvert une information judiciaire pour extorsion et violences en réunion avec arme, et pour avoir filmé la scène.