"Charlie Coulibaly" : Dieudonné écope de prison avec sursis

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Dieudonné, qui était jugé pour "apologie du terrorisme" pour avoir déclaré après les attentats "je me sens un peu Charle Coulibaly", a été condamné à deux mois de prison avec sursis.

L'info. Le polémiste Dieudonné a été condamné, mercredi, à deux mois de prison avec sursis pour "apologie d'actes de terrorisme" par le tribunal correctionnel de Paris pour le message "Je me sens Charlie Coulibaly", qu'il avait posté sur son compte Facebook (avant de l'effacer quelques minutes après), le jour de la marche républicaine historique, dimanche 11 janvier, quelques jours après les attentats de Paris.

Le parquet avait requis 200 jours amende à 150 euros, soit au total 30.000 euros. Une peine de jours amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. A l'audience, le 4 février dernier, Dieudonné avait assuré condamner "sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté" les attentats. Il s'était défendu en affirmant qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'Intérieur qu'il avait sollicité, il s'en était senti "exclu" et traité comme un "terroriste".

"Les propos de Dieudonné, ils l'ont vécu comme une gifle". Des explications qui n'ont pas convaincues les juges et sur lesquelles revient Me Antoine Casubolo Ferro, l’avocat de l’association des victimes du terrorisme, qui compte parmi ses membres la famille de la policière municipale de Montrouge, tuée le 8 janvier par Amedy Coulibaly. "A tout ceux qui pouvaient imaginer que Dieudonné échapperait à ce délit, nous avons répondu que Dieudonné s'était rendu coupable d'un acte d'apologie de terrorisme", réagit l'avocat, qui trouve indécent que le polémiste se sentent solidaire de la victime en raison de la couleur de peau qu'ils partagent.

"Dieudonné a cité cette jeune policière, en disant qu'il s'était senti très proche d'elle, parce qu'elle était noire, comme lui. Nous, on a sa maman qui est membre de l'association, on a sa tante, on a sa famille. Les propos de Dieudonné, ils l'ont vécu comme une gifle, comme une blessure. Nous, nous sommes là pour dire aux victimes du terrorisme que l'on poursuivra, quelque soit le degrés. Au niveau des mots, ou plus loin, s'ils ont des armes, on poursuivra les gens qui attentent à leur famille, à leurs proches, à eux-mêmes", assure l'avocat au micro d'Europe 1. 

Une référence au terroriste Amedy Coulibaly. Une enquête avait été ouverte contre lui pour apologie du terrorisme le 12 janvier dernier au lendemain de la publication de ces propos publiés sur son mur Facebook : "Après cette marche historique, que dis-je, légendaire ! Instant magique égal au Big Bang qui créa l'univers [....] je rentre enfin chez moi. Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly". Cette référence à l'auteur de la prise d'otages meurtrière de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, Amedy Coulibaly, avait suscité de nombreuses réactions, y compris chez ses fans habituels qui étaient loin de l'avoir tous soutenu. "Je t'adore, Dieudo. Mais là, t'es pas drôle", avait notamment écrit l'un de ses soutiens en commentaire d'un article de L'Express.

"Un affront" selon Manuel Valls. Plus tôt, la classe politique était montée au créneau. "Il ne faut pas confondre la liberté d'opinion avec l'antisémitisme, le racisme, le négationnisme" avait déclaré Manuel Valls, au lendemain de la publication du message. Le Premier ministre avait fustigé le comportement du polémiste : "Quelle terrible coïncidence, quel affront que de voir un récidiviste de la haine tenir son spectacle au moment même où, samedi soir, la Nation, porte de Vincennes, se recueillait".

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