Cellules de déradicalisation : ce que prévoit le gouvernement

© Capture d'écran stop-dijadisme.gouv.fr
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Plusieurs centres d’accueil pour djihadistes de retour de Syrie ou personnes en voie de radicalisation devraient voir le jour en 2016.

Le gouvernement accélère ses démarches pour lutter contre la radicalisation. Alors que le Premier ministre Manuel Valls avait annoncé, la semaine dernière, la création d’une structure pour les "jeunes radicalisés", c’est finalement plusieurs centres qui devraient voir le jour. Selon les informations du Monde, deux types de structures sont envisagées. L’une "fermée" à destination des djihadistes de retour de Syrie. L’autre, "plus préventive", concernant les personnes en voie de radicalisation. Pour l’heure, la mise sur pied concrète de ce dispositif n’est pas arrêtée, notamment concernant le nombre et les lieux des centres.

Qui pilote le projet ? Matignon pilote l’initiative, en lien avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice. Le Comité interministériel de prévention contre la délinquance (CIPD), qui se charge de tous les projets touchant aux questions de radicalisation en France, est donc chargé du suivi opérationnel de ces centres.

Où en est le projet ? Le projet initial du gouvernement était d’inaugurer, en janvier 2016, une nouvelle structure pour "jeunes radicalisés". Lors de son intervention devant l’Assemblée nationale, le 19 novembre dernier, Manuel Valls avait notamment évoqué la possibilité d’accueillir des repentis "mis à l’épreuve afin de mesurer leur volonté de réinsertion dans la durée". Le Premier ministre excluait toutefois d’intégrer dans ces centres des djihadistes français de retour de Syrie et d'Irak, dont "la place est en prison".

Finalement ce projet devrait être élargi à l’ensemble du territoire français. "Avec le choc des attentats, il risque d’y avoir encore plus de personnes judiciarisées qu’auparavant, et plus de placements en détention. Il a donc paru utile de développer quelque chose de plus modulaire", explique une source interministérielle, interrogée par Le Monde. Pour l’heure, le nombre de centre n’est pas arrêté, tout comme les lieux où ils devraient s’implanter. Selon Le Monde, des visites pour trouver des locaux ou des terrains ont été amorcées.

Quel est l’objectif ? Le but de ces centres est d’endiguer les départs des candidats au djihad et d’amorcer un processus de déradicalisation pour ramener ces individus sur la voie de la réinsertion. Il s’agit également d’améliorer la coordination de l’accompagnement des individus "radicalisés" et de leurs familles, rapporte Le Monde. Selon Christiane Taubira, l’objectif est aussi "d’assécher le terreau du recrutement, en travaillant sur le contenu, les profils, les critères d'accès" de ces jeunes radicalisés.

Comment vont se présenter ces centres ? Les structures de déradicalisation prendront deux formes bien distinctes en fonction des profils des "radicalisés". Le premier centre se rapproche du fonctionnement des centres fermés, dans le sens où il constitue "un dispositif complémentaire et intermédiaire entre les solutions classiques de placement et l'incarcération". Les individus visés par une procédure judiciaire mais laissés libres sous contrôle judiciaire seront donc orientés par injonction judiciaire vers ce premier centre. La structure devrait principalement accueillir des individus, femmes y compris, partis en Syrie, avant de rentrer en France.

La seconde structure, plus "préventive", s’adresse aux individus n’ayant pas (encore) quitté la France pour rejoindre les rangs de l’Etat islamique. Ses candidats présumés au départ y seront orientés sur la base du volontariat. Selon le Monde, certains centres seront réservés aux individus de moins de 25 ans.

Combien d’individus sont concernés ? Au total, 7.000 personnes ont été identifiées. 3.000 par leur propre famille via le numéro vert mis en place par le gouvernement. Et 4.000 directement par les services de l’Etat. Parmi ces 7.000 individus, 1.200 font l’objet d’un réel suivi, indique Le Monde. Les structures de déradicalisation seront donc confrontées au nombre croissant des personnes signalées.

Avec quel budget ? Reste la question du budget. Le préfet Pierre N’Gahane, qui dirige le CIPD, dispose chaque année de 70 millions d’euros pour l’ensemble des projets. Pour l’année 2015, cet argent a déjà été distribué. Et le budget de 2016 prévoit des moyens pour un seul centre.