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Les retards se multiplient dans l'application des peines au tribunal de Bobigny. Un syndicat de magistrats demande plus de moyens pour la justice. 
INTERVIEW

7.300 peines en attente d'application et 33 qui ne pourront jamais l'être car les délais d'application sont dépassés. L'attente est longue au tribunal correctionnel de Bobigny où, en raison du manque de personnels, les peines ne sont pas toujours exécutées. Face à cette longue liste, la procureur a décidé de faire appliquer en priorité les peines les plus récentes. Objectif : "ne pas ajouter du retard au retard", écrit-elle dans un mail. Si ce sont les peines les plus légères qui n'ont pas été traitées et notamment les condamnations à des amendes ou du travail d'intérêt général, certaines, prononcées fin 2013, ne sont déjà plus applicables en raison d'un dépassement des délais. Céline Parisot, secrétaire générale de l’Union Syndicale des Magistrats (USM) a expliqué, dans Europe Midi mardi, que le problème était plus général.

"Ce n'est pas exceptionnel". "C'est extrêmement choquant, mais malheureusement, ce n'est pas exceptionnel puisque l’exécution des peines ce sont souvent des services qui sont en souffrance et pas seulement à Bobigny", déplore la secrétaire générale de l'USM. "Ça dure et on a l'impression que la prise de conscience ne se fait pas (...). Ce sont les députés et les sénateurs qui vont voter la loi de finance qui doivent maintenant en avoir conscience et ça, je ne suis pas sûre que ce soit le cas", regrette Céline Parisot. Des effectifs supplémentaires seront en effet présents en septembre à Bobigny, "mais finalement ce sont d'autres tribunaux qui se retrouvent un petit peu dépouillé".

Magistrats "découragés". "Les magistrats sont découragés, ils en ont marre que tous ces appels ne soient pas entendus et qu'année après année, on répète la même chose", explique Céline Parisot. "Ça fait des dizaines d'années que l'on demande des lois de programmation pour la justice et que l'on attend toujours", regrette-t-elle. Les tribunaux appliquent "quand même toutes les peines qui sont en lien avec des victimes et les peines de prison ferme", rassure la secrétaire générale expliquant cependant qu'il y a "une responsabilité de l'Etat" et que "les conséquences peuvent être assez graves" en cas de non application des peines.