Attentats déjoué à Paris : la galaxie djihadiste européenne mise au jour

Une opération de police a eu lieu jeudi soir à Argenteuil, dans le Val d'Oise.
Une opération de police a eu lieu jeudi soir à Argenteuil, dans le Val d'Oise. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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C.B avec AFP , modifié à
Après deux hommes inculpés en Belgique, un Français a été interpellé dimanche aux Pays-Bas, permettant l’arrestation de trois autres individus d’origine algérienne.

Avec le projet d’attentat déjoué en France, c’est la galaxie djihadiste franco-belge qui est mise en lumière au fur et à mesure que l'enquête progresse. Après l’inculpation de deux hommes en Belgique, un Français a été interpellé dimanche aux Pays-Bas, permettant l’arrestation de trois autres individus d’origine algérienne. Ces suspects auraient été en lien avec le principal suspect, Reda Kriket, dont la garde à vue a été prolongée lundi matin.

Un arsenal découvert après l’interpellation de Reda Kriket.Reda Kriket, ex-braqueur de 34 ans, a été arrêté jeudi à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Selon les enquêteurs, le projet d’attentat de cet individu était "avancé". A la suite de son arrestation, une perquisition avait été réalisée à Argenteuil, où plusieurs fusils d'assaut, dont des kalachnikovs, et des explosifs avaient été découverts dans cet appartement du Val-d'Oise.

L’interpellation de Reda Kriket met en lumière les connexions entre la France et la Belgique sur la scène djihadiste. Le suspect a vécu plusieurs mois en Belgique, dans la commune bruxelloise d’Ixelles, où il a pris part à l’une des plus grosses filières de recrutement et d’acheminement en Syrie de candidats au djihad. L'enquête avait souligné son rôle de financier de la filière Zerkani : il reversait une partie de ses braquages et activités de recel au nom du principe musulman de la Ghanima, c’est-à-dire le partage du butin de guerre. Présenté comme le logisticien de cette filière dirigée par Khalid Zerkani, Reda Kriket a été condamné par contumace à dix ans de prison, en juillet 2015. Abdelamid Abaaoud et Chakib Akrouh, tous deux tués lors de l’assaut du Raid le 18 novembre, à Saint-Denis figuraient également parmi la trentaine de prévenus de ce procès.

Un homme arrêté aux Pays-Bas. Depuis, l'enquête sur ce projet d’attentat déjoué a confirmé ces connexions européennes entre les individus projetant de commettre des attentats en Occident. C’est un numéro de téléphone retrouvé jeudi lors de la perquisition a Argenteuil qui a permis l’interpellation dimanche, d’Anis B.. Ce Français de 32 ans, né à Montreuil et domicilié dans le Val-de-Marne, a été interpellé à Rotterdam, au Pays-Bas. Ce natif de la région parisienne, qui a séjourné en Syrie, est soupçonné d'avoir été mandaté par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) pour commettre un attentat en France avec Reda Kriket.

"Il a été arrêté à la suite d'un mandat d'arrêt européen délivré vendredi par les juges d'instruction français", selon une source judiciaire. Il sera livré à la France "sous peu" pour y être entendu, a indiqué de son côté le parquet néerlandais.

Trois autres suspects arrêtés aux Pays-Bas. A la suite de cette arrestation, les enquêteurs néerlandais ont ouvert de leur côté une enquête, distincte de la procédure française, qui a conduit à la neutralisation de trois autres personnes, placées en garde à vue dimanche, au Pays-Bas. Deux d'entre eux, âgés de 43 et 47 ans, sont d'"origines algériennes". Aucun élément n'a été fourni sur le troisième suspect. La police néerlandaise a mené des perquisitions à deux adresses dans l'ouest de Rotterdam auxquelles le suspect était lié.

Deux autres suspects en Belgique. L'enquête s'est aussi rapidement orientée vers la Belgique. Deux hommes, Abderamane A. et Rabah N., arrêtés vendredi dans le centre de Bruxelles, ont été inculpés pour "participation aux activités d'un groupe terroriste" et placés en détention provisoire. Né en 1977 en Algérie, Abderamane A., dont l'inculpation a été annoncée dimanche, est connu des services antiterroristes. Considéré comme "un volontaire djihadiste", il a été condamné en 2005 à sept ans de prison et à une interdiction définitive du territoire français, accusé d'avoir aidé deux militants tunisiens à assassiner le commandant Massoud en Afghanistan en septembre 2001, deux jours avant les attentats meurtriers du réseau Al-Qaïda aux Etats-Unis.

Et maintenant ? Reda Kriket est toujours en garde à vue en France. Celle-ci peut durer jusqu'à lundi, voire mercredi en cas de menace d'attentat imminent ou pour des nécessités de coopération internationale. Dans cette enquête conduite sous l’autorité d’un juge d’instruction antiterroriste dans le cadre d’une procédure ouverte en novembre 2015, des complices sont toujours recherchés, a rapporté le parquet de Paris.