Attentats de Paris : Abaaoud projetait un attentat à la Défense

Le procureur de la République de Paris, François Molins.
Le procureur de la République de Paris, François Molins. © AFP
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L'organisateur présumé des attentats du 13 novembre projetait, avec un complice, de se faire exploser à La Défense. Le soir des attentats, ce même individu est revenu sur les scènes de crime.

Onze jours après les attentats de Paris, l'enquête est déjà dense. Le procureur de la République de Paris a apporté mardi soir un grand nombre de détails sur l'avancée des investigations. François Molins a notamment révélé que l'organisateur présumé des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, projetait, avec un complice, de se faire exploser à La Défense, dans les Hauts-de-Seine. Le soir des attentats, ce même individu est revenu sur les scènes de crime, alors que les enquêteurs étaient toujours sur place. Enfin, Jawad Bendaoud, le logeur des djihadistes en Seine-Saint-Denis, a "pris part en toute connaissance de cause" à une entreprise terroriste, selon le procureur de la République.

Un projet d'attentat à la Défense. Sans donner plus de détails sur les éléments qui ont permis de l'attester, le procureur a révélé que Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attentats du 13 novembre, projetait de se faire exploser à La Défense, dans les Hauts-de-Seine. Ce projet d'attentat avorté, impliquant un complice, devait avoir lieu le mercredi 18, ou le jeudi 19 novembre.

Ce sont notamment les constatations opérées dans l'appartement où s'était retranchés les djihadistes qui ont permis d'étayer cette piste. Deux ceintures d'explosifs ont été retrouvées à la suite de l'assaut de Saint-Denis au cours duquel Abdelhamid Abaaoud, sa cousine et un autre individu sont morts.

Le kamikaze de Saint-Denis peut-être le 3e homme du commando des terrasses. Ce deuxième individu n'a pas été identifié. Son ADN n'a pas été retrouvé sur les fichiers français. Mais elle est présente sur la kalachnikov retrouvée dans le véhicule laissé à Montreuil. Ce qui laisse penser que l'individu qui s'est fait exploser dans l'appartement est le troisième homme du commando des fusillades des bars.

Abdelhamid Abaaoud revient sur les lieux des attaques. Le soir des attentats, Abdelhamid Abaaoud a quitté Montreuil, pour revenir sur les lieux des attaques. Selon les images de vidéosurveillance, il a pris le métro, où un complice l'a retrouvé discrètement, direction Nation. Les analyses téléphoniques montrent également, qu'entre 22h28 et 00h28, l'organisateur présumé des attentats s'est rendu dans le 10e, 11e et 12e arrondissement, notamment à proximité du Bataclan. "Abdelhamid Abaaoud est revenu sur les scènes de crime", a résumé le procureur de la République.

Les investigations téléphoniques menées au soir des attentats ont également permis de déterminer qu'Abdelhamid Abaaoud, qui figurait dans le commando ayant commis les fusillades dans les bars, a été en contact avec Bilal Hadfi, l'un des kamikazes du Stade de France. L'ADN Abdelhamid Abaaoud a été retrouvé sur l'une des kalachnikovs laissées dans le véhicule du commando, abandonné à Montreuil le soir des attentats.

Le gilet explosif découvert à Montrouge suspecté d'appartenir àSalah Abdeslam. Par ailleurs, le gilet explosif découvert lundi dans un amas d'encombrants sur un trottoir de Montrouge, pourrait bien être celui de Salah Abdeslam. "Un tissu de présomptions permet de penser" que ce gilet a un lien avec les attentats, a-t-il expliqué. "La première, c'est que le téléphone portable utilisé par Salah Abdeslam", l'un des djihadistes, toujours en fuite, a été enregistré par une borne "non loin de là et la seconde, c'est que c'est un gilet explosif qui est exactement de la même fabrication que les autres", a-t-il dit.

Salah Abdeslam, l'homme le plus traqué d'Europe, est soupçonné d'avoir été le chauffeur du véhicule qui a déposé les trois membres du commando qui s'est fait sauter près du Stade de France, où 80.000 personnes assistaient à un match de football.

Le logeur a "pris part en toute connaissance de cause" à une entreprise terroriste. Par ailleurs, le rôle du logeur des djihadistes retranchés à Saint-Denis se précise. Le parquet a requis sa détention provisoire, à l'issue de six jours de garde à vue. Jawad Bendaoud avait été arrêté le 18 novembre dans la rue, à proximité immédiate de l'appartement de Saint-Denis pris d'assaut par les policiers. Le parquet requiert sa mise en examen notamment pour "participation à une association de malfaiteurs terroristes criminelle". Selon le procureur, Jawad Bendaoud a "pris part en toute connaissance de cause" à une entreprise terroriste.

Six magistrats chargés des enquêtes. Pour mener à bien les enquêtes sur les attentats, six magistrats antiterroristes ont été saisis, a annoncé mardi le procureur de Paris François Molins. Parmi les chefs visés par l'information judiciaire, figurent ceux d'"assassinats et tentatives d'assassinats en bande organisée, tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en bande organisée, séquestrations en bande organisée, fabrication d'engins explosifs", direction d'une association de malfaiteurs terroristes ou encore financement du terrorisme, a-t-il précisé. Au total, 5.339 procès-verbaux ont été dressés en 11 jours d'enquête de flagrance sous l'égide du parquet.