Attentats : aucune arrestation dans l'opération policière à Bruxelles

Molenbeek Bruxelles Belgique
La commune de Molenbeek (Bruxelles), lundi. © BENOIT DOPPAGNE / BELGA / AFP
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Gaétan Supertino avec AFP et Alain Acco , modifié à
Près de 170 perquisitions ont lieu entre dimanche et lundi dans 19 départements français. L'enquête se concentre aussi en Belgique.

L'essentiel. Cinq kamikazes ont désormais été identifiés dans le cadre de l'enquête sur les attentats qui ont frappé Paris vendredi soir, faisant au moins 129 morts. L'enquête se poursuit et 168 perquisitions ont eu lieu entre dimanche et lundi, dans 19 départements français, a indiqué Bernard Cazeneuve, lundi. Elles ont débouché sur 23 interpellations. En Belgique, une vaste opération de police visant à interpeller Salah Abdeslam, soupçonné d'être le huitième djihadiste à l’œuvre vendredi soir, a été lancée lundi à 10 heures. Elle n'a débouché sur aucune arrestation, a fait savoir le parquet vers 14 heures. "L'opération est terminée et le résultat est négatif [...] Personne n'a été arrêté", a déclaré le porte-parole du parquet, Eric Van Der Sypt.

Bernard Cazeneuve a également indiqué avoir assigné à résidence 104 personnes ces dernières 48h. Des personnes "qui faisaient l'objet d'une attention particulière de la part de nos services", selon le ministre de l'Intérieur. En France, les perquisitions de nuit ont été rendues possibles sans autorisation judiciaire dans le cadre de "l'Etat d'urgence" décidé par François Hollande. Vendredi soir, sept terroristes sont morts. Le Belge Abdelhamid Abaaoud, qui se trouve actuellement en Syrie, est par ailleurs soupçonné d'être le commanditaire des attentats, le donneur d'ordre. 

>> Le point sur l'avancée de l'enquête lundi matin

• Que sait-on des assaillants pour l'instant ? Cinq des kamikazes ont pu être identifiés. Les deux derniers en date sont Ahmad Al Mohammad et Samy Amimour, a annoncé le parquet lundi vers 10 heures.

- Ahmad Al Mohammad a été retrouvé mort à proximité d'un passeport syrien près du stade de France. "A ce stade, si l’authenticité du passeport au nom de Ahmad Al Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idlib (Syrie) reste à vérifier, il existe une concordance entre les empreintes papillaires du kamikaze et celles relevées lors d’un contrôle en Grèce en octobre 2015", détaille le parquet dans un communiqué. Le jeune homme, inconnu de la justice française et des services antiterroristes, avait déposé une demande d'asile en Serbie et sa trace avait été perdue en Croatie.

- Concernant Samy Animour, le procureur de la République indique qu'il est "connu de la justice anti-terroriste pour avoir été mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs terroriste, en raison d'un projet de départ avorté vers le Yémen, et placé sous contrôle judiciaire. Cet homme de 28 ans est apparu en violation de son contrôle judiciaire à l’automne 2013 et un mandat d’arrêt international a été délivré contre lui. Trois personnes de son entourage familial se trouvent en garde à vue depuis lundi matin. Né le 15 octobre 1987, à Paris, il a grandi à Drancy. Il aurait été impliqué dans la tuerie du Bataclan. Il s'était rendu il y a environ deux ans en Syrie après s'être radicalisé en France, selon sa famille rencontrée récemment en Seine-Saint-Denis.

- On savait déjà que l'un des terroristes ayant attaqué le Bataclan était né le 21 novembre 1985 à Courcouronnes, dans l'Essonne. Il s'agit d'Omar Ismaïl Mostefaï, un trentenaire qui "depuis 2010, fait l'objet d'une fiche S auprès de la DGSI pour radicalisation". D'après un responsable gouvernemental turc, la Turquie a mis en garde, à deux reprises en décembre 2014 et en juin 2015, la France au sujet de cet individu étant entré sur le territoire turc - porte d'entrée pour la Syrie - en octobre 2013, mais assure n'avoir reçu aucune réponse. Il aurait séjourné en Syrie d'octobre 2013 au printemps 2014. Lundi, sept de ses proches étaient toujours en garde à vue, lundi.

- Les enquêteurs avaient également déjà identifié Brahim Abdeslam, un des frères de Salah Abdeslam, toujours activement recherché par la police. Âgé de 31 ans, il s'est fait sauter dans un restaurant du boulevard Voltaire, faisant des blessés mais aucun mort. C'est lui qui a loué en Belgique, et en son nom, la Seat Leon noire, ayant servi aux tueries devant les terrasses parisiennes, et retrouvée à Montreuil, selon les informations d'Europe 1, avec trois kalachnikovs. Son frère de 26 ans, Salah Abdeslam, a loué, lui, la Polo noire, également immatriculée en Belgique, et qui a été retrouvée devant le Bataclan. Un troisième membre de la fratrie avait également été placé en garde à vue en Belgique, avant d'être relâché lundi.

- Un autre Français, l'un des kamikazes du stade de France, a enfin été identifié. Il s'agit de Bilal Hafdi, un jeune homme de 20 ans qui vivait en Belgique. Il était inconnu de la justice française, mais connu des services de police belge pour braquage.

>> Salah Abdeslam, le potentiel huitième terroriste impliqué vendredi, encore en vie et toujours recherché, fait par ailleurs l'objet d'un appel à témoin:

 

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Le Belge Abdelhamid Abaaoud (son portrait ici), qui se trouve actuellement en Syrie, est par ailleurs soupçonné d'être le potentiel commanditaire des attentats qui ont frappé vendredi Paris et Saint-Denis. Le nom de cet homme est apparu dans plusieurs enquêtes de l'antiterrorisme en France, notamment dans celle sur un projet d'attentat déjoué contre une salle de concert, a précisé cette source. L'homme, également soupçonné d'être le cerveau des attaques déjouées en janvier à Verviers, en Belgique, connaissait Salah Abdeslam, avec qui il a été impliqué dans des braquages, en Belgique.

• Des perquisitions dans la nuit à Bobigny. 168 opérations policières ou de gendarmeries ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi sur l'ensemble de la France. Elles ont donné lieu à 23 interpellations et à la saisie de 31 armes, dont quatre "armes de guerre", dont un lance-roquette, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve lundi. "Celui qui s'en prend à la République, la République le rattrapera. Elle sera implacable avec lui, avec ceux qui l'ont aidé et ceux qui l'ont embrigadé", a martelé le ministre, qui a indiqué avoir ordonné 104 assignations à résidences de suspects ces dernières 48h. 

Des perquisitions ont notamment eu lieu dans le quartier de l'Abreuvoir, à Bobigny en Seine-Saint-Denis. Il s'agit de la seule opération dont on est sûr qu'elle concerne directement l'enquête de vendredi soir. Au moins un pavillon y a été fouillé. Il semblerait que l'un des véhicules utilisés vendredi soir aurait stationné un moment devant ce pavillon. Les enquêteurs ont aussi interrogé plusieurs voisins.

• Et en province. Au total, pas moins de 1.400 hommes ont également été mobilisés hors région parisienne, dans plusieurs villes dont Lille, Lyon Marseille, Strasbourg, Grenoble et Toulouse. Ils cherchaient des personnes fichées pour "radicalisation", en lien avec des profils radicalisés voire avec le grand banditisme. Les policiers traquent "toute connexion" avec le djihadisme, a fait savoir Bernard Cazeneuve. À Lyon, par exemple, cinq personnes ont été interpellées. Chez l'une des cinq personnes interpellées, la police a donc découvert un lance-roquettes mais aussi des gilets pare-balles, plusieurs pistolets et un fusil d'assaut kalachnikov.

A Toulouse, au moins trois personnes ont également été placées en garde à vue, après une perquisition conduite dans le cadre de l'état d'urgence, dans la nuit de dimanche à lundi, dans un quartier où a vécu Mohamed Merah. On ignore encore si cela a un lien avec les attentats de Paris. Cette opération de prévention s'inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste et non directement dans celui de l'enquête sur les attentats de Paris. Elle s'est déroulée en plusieurs lieux de La Reynerie, dans le quartier toulousain du Mirail, où a vécu l'islamiste Mohamed Merah. Des armes et du cannabis ont été saisis. 

Une importante opération anti-terroriste a également été réalisée cette nuit dans l'agglomération grenobloise, selon le Dauphiné Libéré. une quinzaine d'objectifs ont été ciblés par la police judiciaire et la Sûreté départementale sur les communes de Grenoble, Echirolles, Fontaine, Saint-Martin-d'Hères. Des perquisitions ont également eu lieu à Jeumont, dans le Nord-Pas-de-Calais. 

• La Belgique, cœur de l'enquête. Les enquêteurs se demandent si la série d'attaques, revendiquée par l'Etat islamique, a été en partie fomentée en Belgique. Sept personnes ont été placées en garde à vue ce weekend et l'enquête se concentre sur la commune bruxelloise de Molenbeek. Cinq d'entre elles ont été relâchées lundi, dont le frère de l'un des kamikazes.

En revanche, deux suspects ont été inculpés lundi pour "attentat terroriste" par la justice belge dans le cadre de l'enquête sur les attentats à Paris et placés en détention provisoire, a indiqué le parquet fédéral belge. Les deux hommes, qui avaient été interpellés samedi, ont été "placés sous mandat d'arrêt du chef d'attentat terroriste et participation aux activités d'un groupe terroriste", a indiqué le parquet dans un communiqué.

Une vaste opération policière visant à interpeller Salah Abdeslam, dans le même quartier, par ailleurs a été lancée lundi, sans déboucher sur une arrestation. "L'opération est terminée et le résultat est négatif [...] Personne n'a été arrêté", a déclaré le porte-parole du parquet, Eric Van Der Sypt.

Les auteurs de plusieurs attentats djihadistes, dont le responsable présumé de la tuerie au Musée juif de Bruxelles en 2014, Mehdi Nemmouche, ont séjourné dans ce quartier populaire, considéré comme une plaque tournante des djihadistes en Europe. Une polo grise a également été retrouvée dans Molenbeek. La police belge effectue par ailleurs une nouvelle perquisition dans la commune de Molenbeek, annonce lundi la radio-télévision belge sur son site internet.