Attentat de la rue des Rosiers : 33 ans après, 3 suspects identifiés

© AFP
  • Copié
Alain Acco avec Matthieu Bock et Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
Trois hommes soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat meurtrier de la rue des Rosiers, le 9 août 1982, ont été identifiés. Ils se trouvent en Cisjordanie, en Jordanie et en Norvège.

L'info. Cela fait 33 ans que les familles des victimes attendaient cela. Trois hommes suspectés d'être les auteurs de l'attentat de la rue des Rosiers ont été identifiés en Cisjordanie, en Jordanie et en Norvège, selon une information RTL confirmée par Europe 1. Paris-Match a publié la photo des trois suspects.

Trois anciens membres de l'organisation Abou Nidal. C'est le juge antiterroriste Marc Trévidic qui a délivré, il y a quelques jours, trois mandats d'arrêt internationaux contre ces trois suspects. Ces hommes sont d'anciens membres du groupe Abou Nidal, mouvement dissident de l'organisation de libération de la Palestine (OLP) et qui avait multiplié les attentats aveugles dans les années 1970 et 1980.

Ils ont été identifiés 33 ans après les faits grâce à un minutieux travail d'enquête de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à travers des recoupements et des témoignages, dont certains sous X, qui émaneraient d'anciens membres ou d'anciens proches du groupuscule terroriste palestinien.

Cisjordanie, Jordanie et Norvège. Deux des trois hommes sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando. Il s'agit de Mahmoud Khader Abed Adra alias "Hicham Harb", 59 ans, qui vit aujourd'hui à Ramallah, en Cisjordanie, et de Walid Abdulrahman Abou Zayed, alias "Souhail Othman", 56 ans, qui vit en Norvège. Le troisième est Souhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi, alias "Amjar Atta", 62 ans. Cet homme installé en Jordanie est soupçonné d'avoir supervisé l'attaque. Il était le numéro 3 du "comité des opérations spéciales" du Fatah-CR, un comité dirigé par "Abou Nizar", le bras droit d'"Abou Nidal".

>> LIRE AUSSI - Attentat de la rue des Rosiers : 33 ans après, ils se souviennent

Un espoir. Pour autant, un mandat d'arrêt ne signifie pas une arrestation imminente et encore moins l'extradition ni le procès des suspects. Le chemin est long, mais désormais, les familles des victimes voient un espoir renaitre. Le juge Trévidic doit recevoir le 9 mars les parties civiles pour leur expliquer l'évolution de son enquête, précise Paris Match.

En novembre dernier, la justice française avait ainsi obtenu l'extradition du Canada d'un terroriste, Hassan Diab, le principal suspect de l'attentat de la rue Copernic, en octobre 1980. Cette explosion à la moto piégée devant une synagogue du 16eme arrondissement de Paris avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés. Devenu professeur de sociologie à l'université d'Ottawa, cet homme de 61 ans d'origine libanaise avait acquis la nationalité canadienne. Il faisait, lui aussi, partie du groupe Abou Nidal, du nom de guerre du palestinien Sabri al-Banna, chef de l'organisation. 

"Tous ont encore la mémoire de ce jour-là". Dans la rue des Rosiers, plus de trente après le massacre, un rabbin a réagi à cette annonce : "Quelque part, c'est un soulagement. Mais, comme on dit, les victimes ne reviendront plus. Ce jour-là, j'ai entendu toutes les détonations. Le temps d'arriver, il y avait déjà toutes les ambulances. Tout le quartier a été très choqué. Evidemment, cela a eu un énorme impact qui est resté jusqu'à aujourd'hui puisqu'une plaque a été apposée", a-t-il confié à Europe 1. Sur cette plaque commémorative, fixée au mur du restaurant, figurent les noms des six victimes.

plaque rosiers

© Matthieu Bock

"En ce qui concerne l'identification, nous restons, nous, encore une fois sur l'image de ce massacre. Ce jour-là, les gens se cachaient sous les tables, dans la rue. Dans la rue à cette époque, il y avait plein de petits commerçants juifs qui, depuis, ont disparu, mais tous ont encore la mémoire de ce jour", a conclu le rabbin.