Arnaque à l'assurance-vie : 1,2 million de préjudice

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Frédéric Michel avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
C'est une gigantesque escroquerie à l'assurance-vie qui a été découverte en France. Le préjudice s'élève à plus d'1,2 million d'euros.

L'info. Une vaste escroquerie à l'assurance-vie opérationnelle depuis deux ans dans toute la France a été mise au jour, pour un préjudice recensé de 1,2 million d'euros. Le principe est simple, il consiste à faire croire à des héritiers qu'ils sont bénéficiaires d'un compte secret à l'étranger ouvert par un proche défunt et de demander ensuite des frais de rapatriement. Un appel à témoin a été lancé.

De faux avocats. Une centaine de victimes, dont 70 ayant déjà versé des fonds, ont été recensées. L'arnaque est simple : des escrocs, qui se font passer pour des avocats, repèrent d'abord des victimes qui ont récemment perdu un proche. Puis, ils les appellent et leur annoncent que le défunt avait ouvert un compte secret à l'étranger, crédité de 200.000 à 300.000 euros. Pour rendre encore plus vraisemblable la chose, ils créent de faux sites internet d'avocats aux noms fluctuants ou usurpés, tels que "Marc de la Villardiaire", "Charles de la Roche", "Pierre Calvin", "Gérald de Courcheville", "Julien de Fréville", "Charles Delcourt", "Pierre Delaunay", ou "Honoré & Caron". 

D'abord 6.000 euros… Le piège, c'est que les usurpateurs demandent ensuite un règlement, condition pour bénéficier du legs : "On leur explique ensuite que, malheureusement, le défunt avait oublié de régler une dernière mensualité de 6.000 euros. Puis, s'ils ont mordu le hameçon, qu'il faut encore 6.000 euros de frais de rapatriement, etc.", a détaillé Mathieu Fohlen, le vice-procureur chargé du dossier à la juridiction inter-régionale spécialisée (JRIS) de Nancy. "La plupart des victimes habitent en région frontalière car l'escroc va très vite demander que celles-ci traversent la frontière et ouvre un compte bancaire en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Espagne. Les préjudices partent de 6.000 euros, le tarif d'entrée pour espérer le pactole", a-t-il indiqué. Mais certaines victimes ont dépensé jusqu'à 100.000 euros, sans jamais toucher le moindre centime du supposé compte à l'étranger. 

Tenues au silence. Et pour mieux étouffer la supercherie, les faux avocats ont eu l'idée de faire signer à leurs victimes une clause de confidentialité qui leur interdit de parler de la transaction, "une manière de tenir leurs victimes qui expriment ensuite une grande culpabilité, puisqu'elles ont sciemment spolié les autres héritiers, leurs frères ou leurs soeurs", a précisé Mathieu Fohlen. 

"Une technique bien rodée". "Ce qui doit impressionner les victimes, c'est l'assurance de l'interlocuteur qu'elles ont au téléphone, qui a un discours construit, se présente comme un avocat. […] Une technique très bien rodée, avec des outils informatiques et un discours en apparence juridique solide, qui va tromper les victimes", a expliqué le vice-procureur à Europe 1. Estimant que d'autres victimes pourraient se signaler, la JIRS a décidé de lancer un appel à témoins dans cette affaire.