Menaces sur les lycées : que sait-on du jeune homme de 18 ans interpellé à Dijon ?

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Cécile Bouanchaud avec Guillaume Biet et AFP , modifié à
Connu des services de police, le jeune homme est soupçonné d'avoir débloqué un logiciel qui permet de passer des appels anonymes, comme ceux des fausses alertes à la bombe, signalés dans plusieurs lycées français.

Il a le profil du hacker. Un jeune pirate informatique de 18 ans a été interpellé lundi près de Dijon et placé en garde à vue dans l'enquête sur des appels anonymes menaçant des lycées français courant janvier, a-t-on appris de sources concordantes. "Son rôle éventuel dans cette affaire reste encore à déterminer", ont-elles ajouté. Le jeune homme a passé la nuit de lundi à mardi dans les locaux de la Sûreté territoriale de Paris, chargée de l'enquête sur les appels menaçants passés à des lycées parisiens. Durant sa garde à vue, il a nié toute implication dans cette affaire, refusant toutefois de transmettre les codes de son ordinateur crypté.

Impliqué dans l'affaire des appels anonymes ? "L'enquête cherche à établir s'il y a un lien entre les appels visant des lycées parisiens et les menaces contre des établissements de province, notamment à Lyon. Rien n'est exclu", a expliqué une source judiciaire.

Lundi 1er février et pour la troisième fois en moins d'une semaine, des lycées et collèges prestigieux français et britanniques avaient reçu des appels anonymes par téléphone : "Vous allez tous mourir". Ces menaces avaient entraîné la mise à l'abri des élèves, voire leur évacuation. A chaque fois, la police n'avait rien trouvé et les lycées avaient repris leur fonctionnement habituel.

Les enquêteurs s'appuient sur les menaces publiées sur Twitter. "Les investigations techniques menées par l'Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC) ont mené les enquêteurs à l'adresse IP (numéro d'identification de la connexion internet, ndlr) de ce jeune homme", ont indiqué ces sources. C'est en effet grâce à l'analyse minutieuse des adresses IP, des adresses informatiques, que les enquêteurs sont remontés jusqu'à lui.

Pour cela, ils sont partis d'un message de revendication sur Twitter. Fin janvier, un mystérieux compte Twitter baptisé "Evacuation Squad" (brigade d'évacuation en français) avait revendiqué ces fausses alertes. "Nous détestons l'autorité et nous adorons le chaos", clamait ce groupe sur Internet. En remontant la piste de ce compte Twitter, les policiers ont identifié ce jeune homme. Ils l'ont donc interpellé lundi matin chez ses parents, dans un petit village au nord de Dijon.

Suspecté d'avoir rendu anonymes les appels. Selon les informations d'Europe 1, ce suspect n'est semble-t-il pas la personne qui a directement passé les appels malveillants dans les lycées parisiens. En revanche, il est soupçonné d'avoir fourni à d'autres personnes un logiciel qui permet de passer ce genre d'appels, de manière anonyme, via Internet. En d'autres termes, le jeune homme est suspecté d'avoir rendu anonymes les appels téléphoniques. 

Son père Daniel, qui a été arrêté avec lui lundi matin avant d'être relâché, ne le pense pas coupable. "Je n’ai pas cru que mon fils pouvait être impliqué là-dedans", s’étonne-t-il. "Il aime bien le contexte Anonymous et les choses comme ça. Je pense qu’il a une éthique et qu’il ne se mettrait jamais dans une affaire qui nuit à la société. Ce n’est pas du tout un nuisible, ni un malfaisant."

Connu des service de police. Du matériel saisi lors des perquisitions pourrait avoir servi à masquer l'identité des auteurs des appels malveillants à l'égard de plusieurs lycées. Des clés USB, des vidéos pédopornographiques et des plants de cannabis ont également été saisis à son domicile, en Côte-d'Or.

Selon les informations d'Europe 1, le suspect est connu des services de police, notamment pour son implication dans un trafic de stupéfiants, en 2013. Et pour accès frauduleux à des systèmes informatiques en 2014.

Que risque-t-il ? Selon le ministère de l'Intérieur, "le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu'une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende".