Air Cocaïne : les deux pilotes rattrapés par la justice française

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M.-A.B. avec AFP , modifié à
Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à 20 ans de prison pour trafic de drogue, ont fui la République dominicaine pour rentrer en France une semaine plus tôt. Ils ont été écroués après avoir été entendus à Lyon et à Grenoble.

Les pilotes français qui ont fui la République dominicaine où ils avaient été lourdement condamnés pour trafic de drogue ont été acheminés lundi matin par les gendarmes chez la juge marseillaise qui instruit l'enquête française sur l'affaire Air cocaïne. Les gendarmes se sont présentés aux domiciles de Pascal Fauret, 55 ans, dans la banlieue de Lyon, et de Bruno Odos, 56 ans, en Isère, selon cette source. Ils escortaient les pilotes dans le cadre de la mise en oeuvre d'un mandat d'amener de la part de la juge d'instruction.

Ecroués. Lundi midi et après-midi, après avoir été entendus par le juge des libertés et de la détention (JLD), les deux pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos ont été placés en détention provisoire en attendant leur transfert à Marseille.

Les infos à retenir :

- Les deux pilotes ont été escortés devant le juge des libertés et de la détention par les gendarmes

- Pascal Fauret et Bruno Odos ont été placés en détention provisoire, lundi, en attendant leur transfert à Marseille

- Ils devraient être entendus par la juge d'instruction marseillaise, mardi

"C'est pour faire du spectacle". Les gendarmes se sont présentés au domicile de Pascal Fauret, à 7 heures, a confirmé son avocat, Jean Reinhart, se disant "surpris" par la procédure choisie par la juge d'instruction marseillaise. "C'est un peu spécial", a-t-il souligné. "Le mandat d'amener était inutile, c'est pour faire du spectacle", a-t-il noté.  L'avocat n'est pas certain que son client soit entendu dans la journée de lundi. "Dans le cadre d'un mandat d'amener, la juge a le temps, elle peut l'entendre demain". Me Reinhart a également jugé "pas impossible" que les pilotes puissent être placés en détention provisoire.  "Je suis révolté, je suis atterré", a réagi Me Eric Dupond-Moretti, avocat de Bruno Odos. "On avait demandé qu'on nous convoque mais il a fallu que les mauvaises habitudes l'emportent."

Mardi dernier, Pascal Fauret s'était exprimé publiquement pour la première fois depuis son retour en France, lors d'une conférence de presse. Les avocats des deux pilotes avaient alors insisté sur l'inutilité d'un tel mandat. "Il n'est pas nécessaire de décerner le moindre mandat que ce soit. Il suffit qu'on nous appelle ou qu'on les appelle chez eux pour qu'ils se rendent à Marseille et répondent à toutes les questions du juge d'instruction" chargé de l'enquête française sur ce trafic de drogue, avait souligné Me Eric Dupond-Moretti. 

L'épouse Fauret "scandalisée". Selon l'épouse du pilote, Sabine Fauret, les pilotes, accompagnés de gendarmes devaient d'abord s'arrêter à la gendarmerie du 2e arrondissement de Lyon avant de repartir à Marseille. "On était à la disposition de la juge d'instruction. Nous l'avions prévenue dès qu'ils ont mis un pied en France. Franchement je ne pensais pas qu'on allait avoir la police à la maison", a déclaré Mme Fauret, "scandalisée".

Un mandat d'amener à dimension symbolique. Avec le choix de cette procédure, la juge d'instruction a symboliquement démontré, lundi matin, que la patronne dans cette enquête, c'est elle. Que c'est elle, qui, il y a deux ans, s'est rendue en République dominicaine, pour mettre en examen Bruno Odos et Pascal Fauret.  Dans ce volet marseillais, dix personnes sont d'ailleurs mises en examen, notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée, dont Pascal Fauret et Bruno Odos. Vendredi, la magistrate marseillaise a donc remis aux gendarmes un mandat d'amener, ordre donc de lui présenter les deux pilotes au plus vite. Cet ordre a été motivé, selon nos informations, notamment parce que les deux hommes n'avaient laissé comme adresse que celle de leurs avocats.

La juge avait toutefois donné des consignes de courtoisie. C'est la raison pour laquelle les gendarmes n'avaient prévu d'aller chercher Bruno Odos et Pascal Fauret, non pas en tambourinant à la porte à 6 heures du matin, lundi, mais plutôt sur les coups de 8 heures, en douceur. Sauf que les choses se sont accélérées sur les coups de 5 heures, lundi matin. Bruno Odos a en effet a quitté son domicile, en voiture pour se rendre, semble-t-il à Paris. Les gendarmes l'ont donc intercepté sur la route, un peu plus loin. Quant à Pascal Fauret, les enquêteurs ont profité du départ de sa femme et des enfants pour aller sonner à sa porte, vers 7 heures et demi.

680 kg de coke dans un Falcon 50. Les deux hommes étaient les pilotes d'un Falcon 50 intercepté en mars 2013 à l'aéroport de Punta Cana avec 680 kg de cocaïne à son bord. Ils ont été condamnés mi-août à Saint-Domingue à 20 ans de prison mais avaient été laissés libres en attendant leur procès en appel.

Une fuite de République dominicaine. Des proches ont alors organisé dans le plus grand secret une opération d'exfiltration rocambolesque, par bateau puis par avion. Ils ont ainsi réussi à regagner la France fin octobre, assurant toutefois s'en remettre à la justice française pour prouver leur innocence. Ils attendaient depuis d'être entendus par la juge marseillaise qui enquête depuis février 2013 sur un vaste trafic de drogue transatlantique.