Cazeneuve : "40 prêcheurs de haine expulsés depuis 2012"

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Trois jours après l'attaque menée contre un site industriel classé Seveso en Isère, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve était l'invité d'Europe 1. Il est revenu avec fermeté sur la lutte à mener contre la radicalisation et le terrorisme.
INTERVIEW

Trois jours après l'attentat contre l'usine de la société américaine Air Products, ayant fait une victime - décapitée -, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve était interviewé par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, lundi matin.

"Je ne crois pas au loup solitaire. Je crois qu’il y a, même chez ceux qui s'auto-radicalisent, un contact avec des vidéos, des sites, des blogs de groupes terroristes qui provoquent et appellent au terrorisme", a estimé le ministre de l'Intérieur à propos du profil complexe de Yassin Salhi, auteur présumé de l'attaque terroriste, vendredi, contre un site classé Seveso, à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère.

"Tous les symboles du terrorisme". Ce week-end, le suspect a livré aux enquêteurs des motivations d’ordre personnel lorsqu'il a reconnu l’assassinat de son patron, décapité. Des aveux troublants, face auxquels Bernard Cazeneuve s'est montré ferme : "Il a tué son patron et l'a fait avec tous les symboles du terrorisme. [...] Il y a sans doute des motivations dont la réalité est personnelle, mais il y a une symbolique qui, elle, emprunte tout aux images les plus affreuses, les plus abjectes du terrorisme."

Humanité vs barbarie. Le ministre de l'Intérieur est aussi revenu sur le tollé déclenché suite aux propos tenus par Manuel Valls, dimanche matin, lors du Grand Rendez-Vous Europe 1-iTELE-Le Monde. Le Premier ministre avait évoqué une "guerre de civilisation". "Il y a un conflit entre l’humanité dans la pluralité de ses composantes et [...] ce califat de la barbarie", a déclaré Bernard Cazeneuve, appelant à ne pas faire "de polémique sur ce sujet". Et d’affirmer : "Ce n'est pas une guerre de civilisations 'au pluriel', c'est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie", a souligné le ministre de l'Intérieur. Avant d'insister : "Cette guerre sera gagnée".


Cazeneuve : "ce n'est pas une guerre de...par Europe1fr

40 imams radicaux expulsés depuis 2012. "Quand il y a des prêcheurs de haine, je les expulse. S'il y a des associations qui gèrent ces mosquées et dont la totalité des membres poursuivent un objectif d'appel à la haine et d'incitation au terrorisme, ces mosquées seront dissoutes", a affirmé le ministre au sujet des 100 mosquées salafistes répertoriées en France. "Depuis 2012, 40 prêcheurs de haine et imams ont été expulsés [...] dans les cinq années précédentes, il n'en avait été expulsés que 15", a précisé Bernard Cazeneuve. Depuis le début de l'année, 22 dossiers sont en cours d'instruction et une dizaine d'imams et prêcheurs de haine ont été expulsés. "Il n'y a pas un prêcheur de haine en France qui a vocation à rester en France, s'il est étranger", a conclu fermement le ministre de l'Intérieur, affirmant "le faire systématiquement".

Des "prêcheurs de haine" qui n'ont "rien à faire dans les mosquées". "Pour moi, il faut ordonner par arrêté préfectoral soit la fermeture, soit le changement du conseil d'administration, du bureau et de l'imam qui encadrent les fidèles dans ces mosquées", a déclaré l'imam d'Alfortville Abdelali Mamoun, interviewé un peu plus tôt lundi matin sur Europe 1.

"Il faut que le discours religieux soit en phase avec les valeurs républicaines. Quand on vous dit 'la laïcité, c'est de la mécréance, la démocratie, c'est de la mécréance, la liberté d'expression de Charlie Hebdo c'est aussi de la mécréance et du blasphème...' à partir de là, ces imams là n'ont rien à faire en France et encore moins dans les mosquées de France", a-t-il poursuivi avant d'insister : "Ce ne sont pas des musulmans [...] ils utilisent l'islam comme un étendard pour combattre la société dans laquelle ils vivent".

Retrouvez dans son intégralité l'interview d'Abdelali Mamoun, l'imam d'Alfortville, dans le Val-de-Marne :