L’explosion de la droite se fait autour de la ligne "mariage pour tous"

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SAISON 2016 - 2017

Cette opposition, quasi idéologique, entre ces deux droites est à peine caricaturale. Elle a toujours existé, mais elle n’a jamais été aussi visible.

Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. Le divorce à droite épouse la fracture du mariage pour tous.

Qu’il s’appelle Le Maire ou Kosciusko-Morizet, Riester ou Solère, les Républicains prêts à travailler aujourd’hui avec Emmanuel Macron étaient précisément ceux qui, en 2013, n’étaient pas hostiles au mariage pour tous. Edouard Philippe, le nouveau premier ministre, en tête.
Et qui retrouve-t-on en face, chez ceux qui ont la dent la plus dure contre Macron ? Ceux qui s’étaient opposés au mariage gay, par opportunisme ou par conviction. Wauquiez, Accoyer, Copé, Ciotti et évidemment Retailleau, très proche, lui, du mouvement Sens commun.
La fracture entre ces deux droites s’est creusée à cette époque. Elle a largement animé la primaire, entre ceux avec Fillon qui voulaient revenir sur le mariage pour tous et les autres. Aujourd’hui, elle débouche sur un quasi divorce à la faveur de la recomposition du paysage politique provoquée par Macron, et c’est logique.

Pourquoi n’est-ce pas surprenant ?

Parce que les uns sont libéraux, les autres, conservateurs.
Ce sont les libéraux qui rejoignent Macron. Ils font des sujets économiques leur priorité, sont de plain-pied dans la révolution numérique et militent pour une Europe plus intégrée. Sans être libertaires sur les sujets de société, ce sont les enfants de 1968, ils sont jeunes et entendent vivre avec leur temps.
En face, les conservateurs mettent la défense des valeurs et de l’identité française au même niveau, voire plus haut, que les défis économiques à relever. Cette sensibilité est moins urbaine, moins mondialiste, plus ancrée dans les traditions. Elle adhère aux théories droitières de Patrick Buisson, l’ex conseiller très contesté de Sarkozy.
Cette opposition, quasi idéologique, entre ces deux droites est à peine caricaturale. Elle a toujours existé, mais elle n’a jamais été aussi visible.

Et tout cela à cause de Macron ?

Macron en est moins la cause que le bénéficiaire. Il a soufflé sur les braises et le feu est parti. La maison commune de la droite, imaginée en 2002, avait de mauvaises fondations. La preuve éclate enfin au grand jour. La discipline de parti n’opère plus. Il y a moins de différences entre NKM et Macron qu’entre NKM et Ciotti, dont on peut se demander ce qu’ils font dans le même parti.