Affaire Bygmalion à France 2 : Elise Lucet pourra finalement diffuser son reportage

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Élise Lucet a finalement eu gain de cause face à son patron, Michel Field, concernant le reportage sur l'affaire Bygmalion qui sera finalement diffusé le 29 septembre.

L’info média du jour, c’est la fin du psychodrame à l’information de France Télévisions. Elise Lucet a remporté le bras de fer qui l’opposait à son patron, Michel Field. On a appris hier soir que le reportage qu’elle prépare sur l’affaire Bygmalion serait bien diffusé dans le premier numéro d’Envoyé Spécial qu’elle présentera le 29 septembre prochain.

Un retournement de situation très surprenant.

Oui, hier, on vous racontait cette lutte entre la journaliste et sa hiérarchie, et notamment Michel Field, le patron de l’information de France Télé. En jeu, la diffusion d’une enquête sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Elise Lucet voulait le diffuser pour sa première aux commandes d’Envoyé Spécial, dans trois semaines, le 29 septembre. Un timing que Michel Field avait d’abord validé, avant de changer d’avis dans le courant de l’été : il ne voulait pas "parasiter" la campagne de la primaire de la droite et du centre. Il voulait donc attendre la fin de cette primaire, prévue fin novembre, avant de mettre à l’antenne ce document.

Hier matin, ce bras de fer, Elise Lucet était en train de le perdre, mais voilà, quelques heures plus tard, le vent a tourné. C’est Le Parisien qui nous l’apprenait hier en début de soirée : contre toute attente, Elise Lucet a finalement obtenu gain de cause, son reportage sera bien diffusé en intégralité le 29 septembre, en prime-time, sur France 2. Le quotidien y revient ce matin dans sa version papier avec une longue interview de la journaliste, sous ce titre "la crise est finie".

Elle raconte qu’un accord a été trouvé avec la direction de la chaîne et que cet accord, il est conforme à ce que doit être France Télévisions, fidèle à son indépendance totale vis-à-vis de tous les pouvoirs, qu’ils soient politiques ou économiques.

Selon elle, cette décision permet à tous les acteurs de sortir de cette crise par le haut.

Comment expliquer que Michel Field, le patron de l’info de France Télé, ait finalement accepté de céder face à sa journaliste ?

La principale raison, il faut la chercher en interne, au sein même des rédactions de France Télé. Ces derniers jours, Michel Field a senti monter la grogne de ses journalistes. Il a surtout senti le vent du boulet se rapprocher. Il faut rappeler que le patron de l’info a déjà essuyé une motion de défiance au mois d’avril dernier. Il n’est pas en odeur de sainteté au sein du groupe et il n’a pas voulu prendre le risque d’un nouveau désaveu. Mercredi soir, un représentant syndical du groupe stigmatisait cette attitude et n’hésitait pas à réclamer le départ de Michel Field.

Cet épisode aurait montré que le calendrier éditorial de France 2 était dicté par le calendrier d’un parti. Tout bonnement impensable pour la première chaîne de service public. Encore plus impensable à la veille d’une campagne pour l’élection présidentielle où France 2 veut jouer un rôle majeur.

Michel Field ne voulait pas passer pour un censeur et il a donc accepté, sans doute à reculons, de donner gain de cause à sa journaliste et d’accepter la diffusion de son enquête, en plein pendant la campagne pour la primaire des Républicains.

Un document dont on a découvert quelques extraits hier soir, dans le journal de David Pujadas.

Oui, quelques minutes de ce reportage étaient diffusées hier, à la fin du JT de 20 heures de France 2. Pour la première fois, Franck Attal, le patron de la filiale de Bygmalion chargée d’organiser les meetings de Nicolas Sarkozy en 2012, s’exprimait publiquement. Un témoignage qui met en cause Nicolas Sarkozy et notamment sa connaissance du système de double facturation mis en place par l’UMP.

Et il est là le nœud de toute cette histoire. Nicolas Sarkozy doit être le premier invité de L’émission politique, le 15 septembre prochain. L’invité idéal selon lui pour lancer son nouveau programme. Michel Field voulait ménager la chèvre et le chou, l’indépendance de sa rédaction et l’enjeu d’audience de la venue de l’ancien président de la République sur son plateau. Il s’est rendu compte que c’était une ligne tout bonnement impossible à tenir.

Ce matin, cette reculade illustre un manque d’anticipation de la part de la direction de France Télévisions, qui s’est retrouvée dans une situation ubuesque, à devoir éteindre un feu qu’elle a contribué elle-même à allumer.