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Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Étrange séquence diplomatique. Alors que Donald Trump a décidé de se retirer de l’accord sur le nucléaire en Iran, son secrétaire d’État aux Affaires étrangères était ce mercredi à Pyongyang pour préparer les futures négociations sur le désarmement atomique de la Corée du Nord.

Il est rentré mercredi soir à Washington avec deux surprises : une date pour une rencontre au sommet avec Kim Jong-un et trois prisonniers américains libérés par le dictateur coréen.

On l’a appris par un tweet de Donald Trump, alors que le monde entier ne parlait que de son retrait de l’accord nucléaire iranien. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Mike Pompelo, se trouvait en Corée du Nord en mission de bons offices auprès de Kim Jong-un.

Oui et de toute évidences, les négociations ont l’air de très bien se passer. En tous cas, la préparation des négociations puisque, selon le président américain à l’issue d’un entretien de 90 minutes avec le dictateur coréen, le chef de la diplomatie américaine aurait obtenu un accord ferme sur la tenue d’un sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un. Une date et un lieu de réunion auraient même été trouvés mais n’ont pas encore été annoncés. Cette rencontre pourrait être organisée assez rapidement, avant fin mai, soit à Singapour soit dans l’habituelle zone démilitarisée entre les deux Corée. Restons quand même prudents parce que ce ne serait la première fois que Donald Trump se laisse aller à un enthousiasme un peu démesuré dans ses tweets. Mais la tonalité, en tout cas dans ce dossier du nucléaire nord-coréen, est étonnement positive.

D’autant que Kim Jong-un a fait un très beau cadeau à Donald Trump ?

Un de ces petits gestes très opportuns que peuvent se permettre les dictateurs quand ils veulent s’attirer les bonnes grâces de leurs interlocuteurs. Il se trouve que les services de Kim Jong-un avaient gardé au frais dans leurs geôles, trois Américains d’origine coréennes. Un homme d’affaire arrêté en 2016 qui était accusé d’espionnage et deux enseignants, incarcérés en 2017, toujours sous les mêmes charges d’action hostiles contre l’État nord-coréen. Ces trois détenus ont été relâchés avec la même célérité qui les avait envoyée derrière les barreaux. Ils sont rentré mercredi soir aux États-Unis dans l’avion du secrétaire d’Etat pour être accueillis dès leur arrivée devant la presse par Donald Trump en personne. Ça n’a pas coûté grand-chose à la Corée du Nord mais ça peut lui rapporter gros.

Il y a un peu deux poids et deux mesures sur les questions nucléaires pour Donald Trump : extrême fermeté avec l’Iran qui avait pourtant signé un accord de désarmement il y a trois ans et qui semble le respecter et une subite lune de miel en revanche avec la Corée du Nord qui testait bombes et missiles il y a encore six mois.

C’est effectivement l’étrange constat que l’on peut tirer de ces derniers jours. On a d’un côté l’Iran des mollahs qui n’a certes rien de sympathique mais qui, après avoir clairement tenté de se doter clandestinement de l’arme nucléaire tout en assurant évidemment le contraire, a finalement cédé aux pressions internationales après 12 ans de bras de fer. Et qui depuis 2015, de l’avis de tous les spécialistes y compris des militaires israéliens et américains peu suspects de sympathie à l’égard de ce régime, a respecté toutes les closes de l’accord signé. Pourtant Donald Trump les voue aux Gémonies. De l’autre côté, la Corée du Nord, un régime tout aussi sympathique qui a été pendant des décennies le principal fournisseur de technologie nucléaire secrète à tous ceux qui voulaient se doter de la bombe et de missile, dont l’Iran d’ailleurs. Mais ils ont mené jusqu’au bout leur programme, se dotant d’un arsenal pouvant potentiellement menacer le territoire des États-Unis, ce qui leur vaut aujourd’hui cet incroyable traitement de faveur.

La morale de l’histoire pour tous les candidats à la prolifération c’est qu’il faut se doter de la bombe atomique si on veut pouvoir négocier en position de force avec la communauté internationale.

 

Kim Jong Un : le sommet avec Trump chance "historique" de bâtir un "bel avenir"

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong a qualifié sa rencontre prévue avec le président Donald Trump de chance "historique", lors de conversations avec le Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, en visite à Pyongyang, a indiqué l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA jeudi. Kim a dit que ce sommet avec le président des Etats-Unis serait "une rencontre historique" et "un escellent premier pas". Il a ajouté qu'il aiderait à améliorer la situation dans la péninsule coréenne et la "construction d'un bel avenir", a ajouté KCNA. C'est la première fois que Kim Jong Un évoque publiquement la rencontre prévue avec Donald Trump, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.