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Chaque samedi, François Clemenceau, rédacteur en chef au Journal du dimanche, revient sur un événement international.

Parmi la cinquantaine de chefs d’Etat qui participeront ce dimanche aux cérémonies du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, deux d’entre eux, François Clemenceau, ont une histoire spéciale qui nous ramène précisément à l’origine du conflit d’il y a un siècle. C’est-à-dire les Balkans.

On a tous appris à l’école que ce qui a déclenché la première guerre mondiale, c’est l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois, par un nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip. On connait le résultat, les empires ont été démantelés, qu’il s’agisse de la Russie, de l’Allemagne, de l’empire austro-hongrois ou ottoman. Après la 2ème guerre mondiale, la formation de la Yougoslavie a permis de réunifier ces petits pays des Balkans que sont la Serbie, la Bosnie, la Slovénie, le Monténégro, la Croatie, la Macédoine. Mais la chute du mur de Berlin et du communisme, fait exploser le puzzle. Chacun veut son indépendance. C’est chose faite pour tous, sauf pour le Kosovo qui n’était pas une république à part entière mais une province de la Serbie.

Raison pour laquelle le Kosovo a mené sa guerre d’indépendance contre la Serbie en 1998

Là aussi, on sait comment les choses se sont terminées, la répression serbe a été terrible. Les forces de l’OTAN ont frappé Belgrade puis plus tard, les Nations Unies et Bernard Kouchner ont administré le Kosovo jusqu’à ce qu’il devienne indépendant en 2008. Mais nous sommes aujourd’hui en 2018 et le Kosovo, à majorité musulmane, n’est toujours pas reconnu. Par la Serbie, bien sûr, et donc par ses parrains comme la Russie, mais aussi la Grèce au nom de la solidarité slave et orthodoxe. Pas d’indépendance reconnue, pas de paix mais nous avons là deux nations, dirigées par deux anciens nationalistes purs et durs, Alexandar Vucic côté serbe et Hacim Thaci, côté kosovar, qui veulent rentrer dans l’Union européenne mais à qui Bruxelles dit : faites la paix d’abord et on verra après.

Et pourquoi ils n’y arrivent pas à faire la paix ?

Et bien justement à cause du nationalisme. Dans les deux pays, une majorité de la population souhaite adhérer à l’Europe, source de paix et de prospérité. Cela fait drôle de le dire comme ça en ces temps de populisme europhobe, mais quand vous parlez d’Europe à Hacim Thaci, que j’ai rencontré hier pour le JDD, vous voyez des étoiles dans ses yeux. Avec Vucic, ils veulent l’Europe mais sans imposer à leur peuple le sacrifice de leur identité nationale très forte qui les a conduits à vivre dans la confrontation pendant des siècles. Pour la première fois depuis 1945 en Europe, les deux pays sont mêmes prêts à corriger le tracé de leur frontière pour faire la paix. Mais si l’Europe renonce à les aider, alors une chose est sûre, la Russie d’un côté et la Turquie de l’autre leur ouvriront les bras.