Un Brexit ferait perdre des milliards à l’Europe

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CALCULETTE - L'institut Prognos estime qu’une sortie du Royaume-Uni pourrait faire perdre entre 470 et 1.400 milliards aux Européens, Britanniques inclus.

Le Royaume-Uni serait-il gagnant s’il décidait de quitter l’Union européenne ? Cette question obnubile les Britanniques depuis des semaines, d’autant qu’il existe peu de données sur le sujet. Une récente étude menée par l'institut allemand Prognos pour le compte de la Fondation Bertelsmann apporte néanmoins un début de réponse avec plusieurs estimations chiffrées. Seule certitude, un Brexit aurait de lourdes conséquences sur l'ensemble de l'UE.

Comment évaluer les conséquences d’un Brexit ? Retour des tarifs douaniers, problème de normes sanitaires, moindre mobilité professionnelle, démarches supplémentaires pour les touristes : une sortie de l’UE modifierait les échanges du Royaume-Uni avec le reste de l’Europe sur de très nombreux plans. Et gripperait très probablement la croissance des deux côtés de la Manche.

L'institut Prognos a donc décidé de se concentrer sur un seul domaine, celui des échanges commerciaux, en explorant deux scénarios : l’un optimiste, l’autre pessimiste. Dans les deux cas, il s’agit de quantifier la perte de temps qu'occasionneraient des contrôles aux frontières, à la fois sur les coûts de personnel et les coûts de stockage. Des dépenses qui seraient d’autant plus élevées que l’économie fonctionne à flux tendu avec le moins de stocks possibles.

Le scénario optimiste : 470 milliards d’euros. Dans le cas où la restauration des contrôles aux frontières se passerait bien, avec un temps de passage aux douanes à peine rallongé, les coûts de production dans l'UE s'en trouveraient renchéris de 1% sur dix ans. Soit un surcoût d’environ 470 milliards d’euros.

Le Royaume-Uni y perdrait 87 milliards d'euros, mais les principales puissances économiques du continent seraient aussi impactées : l'Allemagne y perdrait 77 milliards et la France 80 milliards. Mais le Brexit aurait aussi des conséquences sur les Etats-Unis (91 milliards d’euros) et sur la Chine (95 milliards).

Le scénario pessimiste : 1.400 milliards d’euros. Cette hausse des coûts de production de 1% sur dix ans est pourtant la version la plus optimiste : dans le cas où les frontières deviendraient encore plus hermétiques, passer les douanes prendrait alors deux fois plus de temps, ces coûts bondiraient de 3%. En suivant ce scénario "pessimiste", le Brexit coûterait alors 1.400 milliards d'euros à l’UE, dont 235 milliards pour l'Allemagne et 244 milliards pour la France. Quant au Royaume-Uni, il y perdrait 264 milliards d'euros.

Des estimations très variables. Chiffrer les conséquences d’un Brexit n’est pas aisé, si bien que tous ceux qui s’y sont attaqués sont arrivés à des résultats différents. Ainsi, l’organisme public de réflexion et de prospective France Stratégies a récemment estimé que la France pourrait y perdre entre plus d’une dizaine de milliards d’euros en dix ans. C’est-à-dire beaucoup moins que l’estimation de l'institut Prognos.

En novembre 2015, Open Europe, un think tank eurosceptique, proposait un tour d’horizon des études déjà réalisées. Dans le pire des cas, le Royaume-Uni y perdrait cinq points de PIB d’ici 2030, soit presque 120 milliards d’euros. Dans le meilleur des cas, il y gagnerait six points de PIB, soit 134 milliards d’euros. Mais tous les cas, Open Europe s’est basé sur l’hypothèse que les flux migratoires de travailleurs s’installant au Royaume-Uni resteraient inchangés.