Tour Triangle : pourquoi ce projet tourne en rond

Le Conseil de Paris a rejeté lundi le projet de construction de la Tour Triangle, par 83 voix contre 78, mais la mairie va "déférer" le scrutin devant la justice, le vote secret n'ayant pas été "respecté", a annoncé la maire PS de Paris.
Le Conseil de Paris a rejeté lundi le projet de construction de la Tour Triangle, par 83 voix contre 78, mais la mairie va "déférer" le scrutin devant la justice, le vote secret n'ayant pas été "respecté", a annoncé la maire PS de Paris. © DR
  • Copié
, modifié à
IMBROGLIO - Contre l'avis de la maire, le Conseil de Paris a rejeté le projet de créer le premier gratte-ciel de la ville depuis 40 ans.

Ce devait être le premier gratte-ciel de la capitale depuis la tour Montparnasse, construite en 1972. Le Conseil de Paris a rejeté lundi le projet de construction de la Tour Triangle, par 83 voix contre 78. La mairie, partisane du projet, va "déférer" le scrutin devant la justice, le vote secret n'ayant pas été "respecté" selon elle. Mais ce nouveau rebondissement met du plomb dans l'aile à une opération sur laquelle presque tout le monde semblait d'accord il y a encore six ans.

>> LIRE AUSSI - La Tour Triangle, c'est non

La Tour Triangle, qu'est-ce ? Le 25 septembre 2008, l'ancien maire socialiste Bertrand Delanoë et le promoteur immobilier Unibail-Rodamco présentent le projet d'une tour de 180 mètres de long, pour 88.000 mètres carrés sur 42 étages. Cette tour, en forme de triangle, dessinée par les architectes suisses Jacques Herzog et Thierry de Meuron, est censée à l'origine accueillir des bureaux, un centre de conférence, une pépinière d’entreprises un hôtel, des cafés, des restaurants ainsi que des commerces de proximité. Son coût : 500 millions d'euros, financés par des fonds privés, notamment Unibail-Rodamoco

À cause des coûts et de l'évolution de la réglementation, notamment environnementale, les projets d'hôtel et de pépinière ont ensuite été abandonnés. Et le centre de conférence doit être plus petit que prévu. 

Tour Triangle _ Vidéo Officiellepar TourTriangle

Pour ses partisans, "ce bâtiment marquera l'histoire". "Ce projet, Paris en a besoin (...) On serait la seule ville au monde à refuser un investissement de 500 millions d'euros en période de déprime, où l'investissement public sauf à Paris va être en panne partout ailleurs, et où l'investissement privé a besoin d'être stimulé et encouragé", a plaidé lundi Anne Hidalgo, l'actuelle maire PS de Paris, auprès de la presse. "Ce bâtiment marquera l’histoire architecturale de Paris : il véhiculera une image moderne, attractive de la capitale à l’étranger", avait-elle également défendu la semaine dernière dans Les Echos.

L'adjoint à l'urbanisme, Jean-Louis Missika a également souligné l'apport esthétique du bâtiment dessiné par le prestigieux cabinet Herzog et de Meuron : "Triangle n'est pas une tour, c'est un monument pyramidal".

Pour ses détracteurs, elle ne sert à rien. Depuis le départ, le projet suscite une vive contestation de la part des élus écologistes parisiens, pour qui la tour est trop gourmande. Il essuie également les foudres du Collectif contre la tour Triangle, qui regroupe plusieurs associations soucieuses de défendre le patrimoine architectural.

La position de la droite, elle, a évolué au fil des ans. L'UMP et l'UDI, en effet, étaient partisans du projet de départ. Mais ils dénoncent désormais un projet revu au rabais, notamment depuis 2014 et l'arrivée de Nathalie Kosciusko-Morizet comme chef de file de l'opposition. Selon l'élue UMP, la tour ne sert à rien, à l'heure où Paris compte "plus d'un million de mètres carrés de bureaux vides". "Au départ, le projet incluait une pépinière d’entreprises, un centre des congrès, un hôtel. La tour Triangle s’insérait dans le projet plus vaste de rénovation du Parc des Expositions. Il ne s’agissait pas de faire des bureaux en blanc !", dénonce-t-elle lundi dans Les Echos.

Vers un nouveau vote. "La loi n'a pas été respectée dans la mesure où délibérément, des conseillers de Paris ont montré leur bulletin préalablement au passage devant l'urne". Au regard de la loi, "ce scrutin est nul, et je demande (...) qu'il soit déféré au contrôle de légalité, et déféré au tribunal administratif", a déclaré Anne Hidalgo à l'issue du scrutin, lundi. Le vote avait eu lieu à bulletin secret, à la demande du PS, afin de permettre aux élus de s'exprimer en toute "liberté". La tenue d'un nouveau vote dépend désormais du tribunal administratif.