RSI : 7.000 indépendants ont défilé contre leur "Sécu"

© LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
Anne-Laure Jumet avec , modifié à
Factures injustifiées, refus d'indemnisation... Quelque 7.000 commerçants et artisans ont manifesté lundi contre leur régime de Sécurité sociale.

Les commerçants et artisans sont en guerre contre leur régime de Sécurité sociale, le RSI (Régime social des indépendants). Factures réclamées injustement, bugs, refus d'indemnisation... Depuis 2008, le régime, géré par des représentants des affiliés, subit de nombreux ratés. La Cour des comptes elle-même avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme il y a trois ans. Et pas moins de 2.300 réclamations d’artisans et de commerçants ont été enregistrées chaque mois l'an dernier. C'était encore plus élevé en 2013.

7.000 manifestants à Paris. Pour dénoncer la situation, une manifestation s'est tenue lundi à Paris, à l’appel de l’association "Sauvons nos entreprises". Ils étaient environ 7.000 commerçants, artisans et travailleurs indépendants à défiler dans les rues de Paris, entre le jardin du Luxembourg et l'esplanade des Invalides. 

L'argent pas encaissé sur le bon compte. Il faut dire que les situations sont parfois ubuesques, à en croire les témoignages recueillis par Europe 1. Il y a, par exemple, un ancien chef d’entreprise, qui apprend qu’il doit de l’argent 30 ans après la création de sa société, alors qu’il n’en avait jamais été informé. Il y a encore cette tapissière, qui avait envoyé ses chèques de cotisations... mais le RSI ne les avait pas encaissés sur le bon compte. Il a fallu quatre ans de procédure pour qu'elle fasse valoir ses droits.

Yoyan Dugay, lui, est toujours en conflit avec le RSI.  Sa société de travaux a fait faillite il y a deux ans. Il ne devrait donc plus rien payer, mais on lui réclame toujours 30.000 euros de cotisations. "Ce n'est pas évidemment financièrement et surtout moralement. Je me sens abandonné, pas écouté. J'ai l'impression qu'aujourd'hui, personne n'est capable de prendre en charge ce dossier là", raconte-t-il au micro d'Europe 1.

Des situations critiques. Parfois, ces bugs à répétition conduisent à des situations critiques. En juin, Benjamin Prouteau apprend qu’il a un cancer du rein. Ce plombier chauffagiste se fait opérer, mais le RSI refuse d’indemniser son arrêt maladie, menaçant la survie de son entreprise. "Le médecin m'a prescrit un arrêt médical de six mois, et j'ai du reprendre au bout d'un mois et demi pour éviter la fermeture de l'entreprise. Vous avez des fonctionnaires qui banalisent se genre de maladie, en bronchite ou rhume des foins...", témoigne-t-il.

Face à ces problèmes à répétition, certains prennent une décision radicale : quitter le RSI, et s'assurer via des compagnies privées à l’étranger, le plus souvent en Angleterre. Le hic ? C'est tout simplement illégal.

Une situation "normalisée". Les dirigeants de l'organisme, eux, font valoir leurs efforts de gestion : les réclamations ont baissé de 11% entre 2014 et 2013, et ne représentent plus que 0,11% des 2,1 millions d'affiliés. La situation s'est "normalisée", promettent Gérard Quevillon, président national du RSI, et Stéphane Seiller, directeur général, dans un communiqué. Les dirigeants du RSI souhaitent toutefois "insister sur l'engagement constant du RSI à mieux répondre aux attentes des travailleurs indépendants, en accélérant le travail de simplification déjà engagé".

Parmi les réformes mises en avant, "la progression de la qualité de l'accueil téléphonique" ou la "refonte des courriers liés au recouvrement des cotisations, pour en améliorer la lisibilité". Des efforts soulignés en septembre par la Cour des comptes, pour qui il restait encore quelques progrès à faire.

>> Regardez aussi l'interview de Stéphane Seiller, directeur du RSI, qui assure au micro de Wendy Bouchard que "le pire est derrière nous"

RSI : "les problèmes sont derrière nous"par Europe1fr 

>> À ECOUTER - Le parti pris de Laurence Parisot - L'angoisse du RSI

>> LIRE AUSSI - Assurance-vie : ces bénéficiaires difficiles à retrouver

>> LIRE AUSSI - "Même décédé, on le harcèle"

>> LIRE AUSSI - "Veuillez patienter" : les services clients, ces grands injoignables