Grèce : quel scénario si Athènes ne rembourse pas le FMI ?

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Drapeau de la Grèce. Image d'illustration. © ANGELOS TZORTZINIS / AFP
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ÉCONOMIE - La Grèce pourrait ne pas honorer en juin le remboursement du prêt que lui a accordé le FMI. Avec à la clef, un défaut de paiement et une sortie de l'Union européenne ? 

La pression est de nouveau montée d'un cran dimanche entre la Grèce et ses créanciers. Le ministre de l'Intérieur hellène, Nikos Voutsis, a déclaré sur une chaîne de télé que son pays ne pourrait rembourser le FMI en juin, avant que le gouvernement Syriza, au pouvoir depuis janvier, ne nuance ces propos lundi. À force de souffler le chaud et le froid, la Grèce pourrait perdre toute confiance de la part de l'Europe et de ses créanciers. Avec pour tout horizon, si ces prévisions deviennent réalité, un pays déclaré en défaut de paiement.

Que doit précisément la Grèce au FMI ? Au mois de juin, la Grèce doit rembourser en plusieurs fois la somme totale de 1,7 milliard d'euros au Fond monétaire international. Le 5 juin, c'est 300 millions d'euros qui doivent être rendus. Puis, le 12 juin, 400 millions d'euros et le 19 juin, enfin, 400 millions d'euros. Sans parler des remboursements suivants en juillet (4 milliards d'euros) et août (3,4 milliards d'euros).

Ces sommes sont le remboursement d'un emprunt qu'à fait la Grèce auprès du FMI, dans le cadre de l'aide apportée depuis 2010 par la "troïka", constituée du FMI mais aussi de la BCE et de la Commission européenne. En échange, la Grèce s'était engagée à un programme d'austérité.

Jusqu'à aujourd'hui, la Grèce a réussi à honorer ses remboursements. Le pays, dirigé depuis fin janvier par le parti Syriza qui prône l'anti-austérité, a par exemple versé au FMI 750 millions d'euros le 11 mai dernier, quelques jours avant l'échéance.

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(ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Un, voire deux mois de sursis. Si le 5 juin, Athènes ne versent pas au FMI les 300 millions d'euros attendus, le défaut de paiement ne serait pas tout de suite prononcé. Le FMI prévoit en effet dans ce genre de cas de déclarer le défaut seulement au bout d'un mois de retard. L'institution met aussi en place une procédure de plainte qui peut prendre un, voire deux mois.

La dernière tranche d'aide, seule bouée de sauvetage. Ce délai peut être une bouffée d'oxygène pour Athènes qui négocie actuellement le versement de la dernière tranche d'aide de la part de la désormais "ex-troïka". Pour obtenir la somme de 7,2 milliards d'euros, le gouvernement Syriza, qui dirige le pays en coalition avec un parti souverainiste, doit en effet s'engager sur des économies. Or, il n'arrive pas à s'entendre avec l'Union européenne sur leur nature, même si des efforts ont déjà été réalisés.

La BCE pourrait ne plus tendre la main. Si la Grèce a pu jusqu'ici honorer ses engagements, c'est qu'elle bénéficie d'une aide de la banque centrale européenne (BCE). Cette dernière accorde en effet un financement d'urgence aux banques grecques. Le remboursement au FMI effectué en mai a d'ailleurs été possible grâce à ce mécanisme.

Mais la BCE révise ce financement chaque semaine en vérifiant les garanties avancées par l'État grec. Or, si la Grèce ne rembourse pas le FMI en juin, la BCE pourrait estimer que les conditions ne sont plus réunies pour continuer à allonger les billets.

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Alexis Tsipras, Premier ministre grec (JOHN THYS / AFP). 

Et si le défaut de paiement est prononcé ? Si en juillet, le défaut de paiement est officialisé par le FMI, cela n'entraînera pas automatiquement une sortie de la Grèce de l'Union européenne. Le défaut n'est en effet pas un argument prévu dans les traités européens pour exclure un pays.

Mais l'incapacité de rembourser le FMI pourrait indirectement mener à un "Grexit". Face à l'incertitude de leur avenir financier, les Grecs seraient amener à vider encore plus leurs comptes en banque. À cours d'euros, les banques grecques devraient donc se tourner vers la BCE pour obtenir des liquidités. Or, comme l'explique Charles Wiplosz, économiste consulté par Le Figaro, la BCE peut décider de stopper net son aide à la Grèce.

L'idée d'un "Grexit" relancée. Si la BCE lâche la Grèce, Athènes, n'ayant plus accès ni aux euros de la BCE ni aux euros de ses citoyens, pourrait envisager de quitter l'Union européenne et de revenir à sa monnaie d'origine, la drachme.

Il existerait cependant une ultime solution pour que le défaut de paiement ne mène pas à un "Grexit". Athènes pourrait imposer un contrôle au plus près des capitaux des banques, en instaurant par exemple un plafond de retrait ou en interdisant aux euros grecs de passer les frontières du pays. Des mesures qui ne feraient qu'augmenter la défiance des Grecs mais qui donnerait un peu de latitude au gouvernement hellène pour débloquer la situation avec ses partenaires européens.

 


Grèce, plus que 15 jours de liquiditépar Europe1fr