Habituellement, une puissance militaire a tendance à se fournir en produits fabriqués sur son sol, indépendance oblige. Sauf que la dernière commande de l’armée française, qui porte sur l’achat de près de 5.000 véhicules tout terrain, s’est conclue de manière inhabituelle : la Défense n’a choisi ni un modèle Renault ni un modèle Peugeot mais un véhicule américain, comme le relate L’Est Républicain.
L’enjeu : 5.000 véhicules à acheter. L’armée française renouvelle chaque année une partie de son matériel et cette année, la priorité a été donnée aux véhicules tout terrain. L’objectif est de renouveler la flotte de "P4", des quatre roues motrices conçus par Peugeot et produits entre 1984 et 1992. L'armée a donc émis un appel d’offre pour 5.000 véhicules, à fournir entre 2015 et 2017.
Les constructeurs français, qui redressent à peine la tête, se sont donc portés candidats. Renault propose une version du Dacia Duster remaniée spécialement pour l’armée en collaboration avec les entreprises Poclain Véhicules et Nedey. Le groupe PSA, de son côté, proposait un Berlingo lui aussi adapté aux besoins spécifiques des militaires.
Renault Dacia persuadé de l’emporter. Après avoir répondu à cet appel d’offre, les constructeurs ont donc fait faire un baptême du feu à leurs produits. A ce petit jeu-là, c’est le Dacia Duster qui est arrivé en tête, parvenant même à être le seul à réussir certaines épreuves. Sachant que son modèle était le moins cher parmi les candidats, Renault était donc persuadé de remporter cette commande. "Et puis, patatras ! La nouvelle tombe. La première tranche de 1.000 véhicules est attribuée au pick-up américain Ford", relate L’Est républicain.
Détrônés par le Ford Ranger US, les constructeurs français ne cachent pas leur irritation et le font savoir, espérant être choisis pour les 4.000 autres véhicules restants. Mais l’argument d’un produit Made in France doit être relativisé : la quasi-totalité des Dacia Duster qui roulent en France sont produits en Roumanie. Seule leur adaptation aux besoins de l’armée aurait été faite en France.
La justification de l'armée. Critiquée pour son choix, l'armée s'est justifiée. Elle a expliqué avoir dû renouveler en urgence son parc automobile. Pour ce faire, elle a donc consulté le catalogue interministériel, l'UGAP (Union des groupements d'achats public), qui permet de réduire les délais de commande à deux mois. Or, l'UGAP donnait le choix entre un Berlingot et une Ford Ranger. Cette dernière, étant un pick-up, a immédiatement remporté l'adhésion des décideurs. Et pour cause, l'armée avait besoin de véhicules pouvant transporter 5 hommes très équipés et une tonne de matériel. De plus, cela ne remet pas en cause, selon des sources du ministère de la Défense, la commande à venir de 5.000 véhicules pour remplacer les P4, qui ont une trentaine d'années. Mais il faudra encore attendre entre 15 et 18 mois pour acheter cette nouvelle flotte.