Affaire Volkswagen : d'autres tricheries sur la pollution en Europe ?

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G.S. avec Emmanuel Duteil , modifié à
La triche sur les normes de pollution est aussi en vogue en Europe. Et Volkswagen n'est pas seule. En Allemagne, le gouvernement réclame des informations.

Il risque une amende de 18 milliards de dollars (environ 16 milliards d'euros). Le groupe Volkswagen fait face à de très sérieuses accusations de tricherie aux Etats-Unis. Motif : le constructeur automobile allemand aurait doté certaines voitures d'un mécanisme permettant de dissimuler le niveau réel des émissions de gaz polluants. Un mécanisme que Volkswagen n'est pas le seul à utiliser. Et qui s'utilise aussi en Europe. Lundi, le gouvernement allemande a réclamé aux constructeurs automobiles des informations pour vérifier s'il y a eu tricherie sur les normes anti-pollution.

En quoi consiste la "tricherie" ? Selon les autorités américaines, Volkswagen aurait doté quelque 482.000 véhicules vendus aux Etats-Unis d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis à un test de mesure anti-pollution des autorités. Ce petit logiciel espion enclenchait - a priori à l'insu des conducteurs - un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer le test sans encombres et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique.

Une fois le test fini, le mécanisme anti-pollution se désactivait et le véhicule libérait alors dans l'atmosphère davantage de gaz polluants et notamment du dioxyde d'azote ou Nox, lié à de graves maladies respiratoires dont l'asthme. Ce qui permettrait à Volkswagen de passer les tests. Tout en offrant de meilleures performances à ses clients. Le PDG de Volkswagen lui même, Martin Winterkorn, a dit "regretter" dimanche d'avoir "déçu" ses clients après la révélation de soupçons.

En Europe aussi. Hasard du calendrier : l'association Transport et environnement a publié la semaine dernière une étude sur le sujet. Ses conclusions : la "triche" sévit aussi sur le Vieux-continent. L'enquête a été réalisée sur 23 véhicules neufs produits par six constructeurs (Volkswagen mais aussi Audi, BMW, Citroën, Opel et Mercedes). Et selon elle, les tests réalisés chez nous ne sont pas plus fiables que chez l'Oncle Sam. Car les fameux petits engins équipent aussi certaines voitures, selon l'étude, qui ne précise pas lesquelles.

Selon Transport et environnement, seulement une voiture sur dix qui roule au diesel respecte les plafonds d'émission fixés par l'Union européenne. Les émissions réelles sont, selon eux, en moyenne cinq fois supérieures aux limites établies par les normes européennes. Sur un des modèles Audi testé, c'est même 22 fois plus. Audi et Opel seraient les deux principaux "tricheurs", à en croire l'association. La marque qui abuserait le moins ? Volkswagen, toutefois propriétaire d'Audi.

L'Allemagne réclame des informations. Le gouvernement allemand a d'ailleurs réclamé lundi aux constructeurs automobiles des informations lui permettant de vérifier s'il y a eu en Allemagne des tricheries sur les normes antipollution des voitures. "Nous attendons des constructeurs automobiles des informations fiables, afin que la KBA, l'autorité compétente, puisse vérifier si des manipulations comparables ont aussi eu lieu en Allemagne ou en Europe", a déclaré, lors d'un point de presse régulier du gouvernement, Andreas Kübler, porte-parole du ministère de l'Environnement, estimant que pour l'heure, il n'y avait pas d'"indication" allant dans cette direction.