Obésité : un problème de satiété ?

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Alexis Toulon , modifié à
Une étude de l’Inserm met en évidence un problème hormonal chez les obèses qui prolongerait la stimulation de l’appétit. 

Lorsqu’une personne fait un excès alimentaire, son corps va spontanément réduire son alimentation pendant quelques temps. Ce phénomène naturel permet de réguler la prise de poids. Mais une étude de l’Inserm, publiée vendredi, montre que chez les patients obèses, ce mécanisme est défectueux. Cette découverte pourrait changer la façon de traiter ce problème de santé publique qui touche plus de 15% des adultes en France.

Comment marche la faim. Le corps humain est une machine bien faite et régie par des impulsions chimiques. La faim est déclenchée par une hormone produite dans l’estomac : la ghréline. Plus il y a de ghréline, plus on a faim, plus on mange, plus on grossit. Heureusement, la quantité de nourriture que l’on ingurgite est réglée par une zone spécialisée du cerveau, l’hypothalamus. Elle fait la balance entre les besoins et les réserves et assure un équilibre dans la prise de poids. Si bien qu’après un bon repas, la quantité de ghréline dans le corps diminue.

Quand la machine se grippe. Jusque là, l’obésité restait un mystère sur de nombreux points. Notamment, sur les patients obèses, l’effet de satiété qui n’était pas atteint malgré des taux de ghréline normaux voire bas. Le problème viendrait donc d’anticorps particuliers, ou immunoglobulines. Ces derniers s’installent sur l’hormone et les protègent, tels une armure, et ralentissent sa dégradation rapide dans la circulation sanguine. Autrement dit, il n’y a pas plus de ghréline dans le corps mais elle agit pendant plus de temps et l’effet de satiété n’arrive pas.

Spécifique aux obèses ? A première vue, il n’y a pas de discrimination au poids, les anticorps sont présents dans les organismes de tout le monde. Toutefois, "les immunoglobulines ont des propriétés différentes chez les patients obèses", explique Sergueï Fetissov, chercheur au sein de l'unité Inserm de Rouen et principal auteur de l'étude. Le problème viendrait d’une "attirance" et d’une "affinité" différentes entre les personnes obèses et les autre qui "permet aux immunoglobulines de transporter plus de ghréline vers le cerveau et renforcer son action stimulante sur la prise alimentaire", conclut le chercheur.

Vers un traitement ? "Notre découverte ouvre une nouvelle piste pour concevoir des traitements agissant au coeur de ce mécanisme pour réduire l’hyperphagie (manger en trop grosses quantités, ndlr) observée dans le cas de l’obésité", se réjouit Pierre Déchelotte, directeur de l'Unité mixte Inserm/Université de Rouen.

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