Les "vélos flottants" sont-ils condamnés à couler ?

La société chinois Gobee.bike a annoncé samedi qu’elle mettait fin à son activité en France.
La société chinois Gobee.bike a annoncé samedi qu’elle mettait fin à son activité en France. © AFP
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Laure Dautriche édité par C.O.
Gobee.bike, la société de vélos en libre-service qui avait déployé 2.000 vélos dans Paris, a annoncé samedi soir qu'elle arrêtait son service dans la capitale et en France, en raison de trop nombreux vols et dégradations.
L'ENQUÊTE DU 8H

Le concept de vélos en libre-service est-il viable en France ? La société chinois Gobee.bike implantée depuis plusieurs mois à Paris, comme plusieurs autres sociétés, a annoncé samedi qu’elle mettait fin à son activité en France après s'être déjà retirée des villes de Lille, Reims et Lyon. Dans un communiqué, la société a déploré les "destructions en masse" subies par ses bicyclettes sans attache qui se prennent et se posent n'importe où dans la ville pour un tarif modique. Il y a eu trop d'incivilités, de dégradations, des vélos retrouvés par dizaines cassés sur les trottoirs, a ainsi détaillé la société.

Des dégradations partout dans le monde. Mais la réponse ne convainc pas les spécialistes. Car les vols et les dégradations ne sont pas des spécificités françaises. Il y a eu des vols et des dégradations ailleurs, en Belgique, en Suisse en Chine ou en Italie. D'ailleurs, les sociétés comme celles-ci prennent toujours en compte au départ un pourcentage de dégradation de ses équipements.

Le problème est surtout que cette société chinoise a voulu aller trop vite pour être la première sur le marché français. Elle s'est implantée avec des vélos qui n'étaient pas suffisamment solides, peu de personnel, et sans autorisation de la ville de Paris. Ailleurs, certaines entreprises, Indigo Weel implanté à Metz, Tours et Bordeaux, ou Pony Bikes assurent avoir moins de problèmes.

La nécessité d'un cadre juridique. Reste que pour que le modèle fonctionne, il faudrait aussi qu'il y ait un cadre juridique, un pacte passé avec la mairie, explique Pierre Serne, le président du Club des villes et territoires cyclables : "On ne peut pas juste arriver quelque part sans en parler à personne avec des vélos à la limite de la sécurité pour les usagers, sans payer de droits à l'occupation de l'espace public et sans aucune règle pour l'usager qui peut le laisser n'importe où, n'importe comment. Ça s'encadre", assure-t-il. "Dans ces conditions là, ça va se développer beaucoup en France et du coup aider à la pratique du vélo".

Bientôt une charte de bonne conduite ? La loi sur les mobilités, qui devrait être présentée cet été par le gouvernement pourrait faire évoluer les choses. Elle prévoit d'obliger les sociétés à publier une charte de bonne conduite validée par les communes basée sur plusieurs critères : la qualité du vélo, le nombre de vélos et les emplacements autorisés et interdits dans la ville. Les cyclistes se garant mal pourraient notamment être pénalisés. Autre piste : créer des plateformes communes pour pouvoir à l'avenir, avec une seule carte de vélo, louer n'importe quel vélo, quelle que soit la société.