Les entreprises vont-elles bientôt devoir rembourser les arrêts maladie ?

Le patronat veulent que cette mesure soit discutée "d'être discutée avec les partenaires sociaux avant toute prise de décision".
Le patronat veulent que cette mesure soit discutée "d'être discutée avec les partenaires sociaux avant toute prise de décision". © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Olivier Samain, avec T.LM.
Le basculement d'une partie du remboursement des arrêts maladie de la Sécurité sociale vers les entreprises suscite la colère du patronat et des syndicats.

Il s'agirait d'une petite révolution dans l'assurance-maladie. Selon Les Échos, le gouvernement plancherait sur une refonte du remboursement des arrêts maladie des salariés, afin de compenser leur coût croissant généré par le recul de l'âge à la retraite.

Qu'est-ce qui changerait ?

En clair, l'idée de l'exécutif est de transférer sur les entreprises la charge des indemnités journalières actuellement payées par la Sécurité sociale. Ces indemnités sont versées à partir du quatrième jour de l'arrêt de travail, les trois premiers jours étant des jours de carence.

Autrement dit, le gouvernement veut faire en sorte que les quatre jours suivant les jours de carence soient financés par l'employeur et plus par la Sécu. Cette réforme ne concernerait que les arrêts de travail de moins de huit jours, qui sont aussi les plus fréquents. Cela permettrait à la Sécurité sociale d'économiser 900 millions d'euros par an.

Comment a réagi le patronat ?

Inquiètes de ce projet, le Medef, la CPME et l'U2P, les trois principales organisations patronales, ont envoyé une lettre commune à Édouard Philippe pour critiquer cette piste. Selon elles, le projet serait une mesure "de désocialisation (...) sans précédent". Elle constituerait une "charge nette nouvelle que" [les entreprises] ne [peuvent] accepter."

Et les syndicats ?

De manière plus étonnante, les syndicats sont aussi contre ce projet. Ils y voient un désengagement de l'assurance-maladie obligatoire et anticipent surtout l'étape suivante : si les entreprises sont mises à contribution, les salariés le seront aussi, tôt ou tard, via une augmentation de leurs cotisations aux organismes complémentaires. Indirectement, ce transfert du public vers le privé menacerait le pouvoir d'achat des salariés du privé.