Les bénéfices économiques de la lutte contre le changement climatique sous-estimés

Les experts demandent aux États d'accélérer les investissements en faveur de la protection de l'environnement notamment en matière de transport
Les experts demandent aux États d'accélérer les investissements en faveur de la protection de l'environnement notamment en matière de transport © JACQUES DEMARTHON / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Des experts internationaux appellent, dans un rapport publié mercredi, les États à transformer leur modèle économique vers une économie peu émettrice de CO2. Selon eux, les bénéfices résultant de ce changement s'élèveraient à 2.400 milliards d'euros par an.

La lutte contre le changement climatique sera source de croissance et créatrice de richesses, plaide un rapport d'experts internationaux publié mercredi, qui veut, en évaluant les gains potentiels, convaincre les États et les entreprises de s'engager plus activement.

De "nombreuses opportunités". La transformation de notre modèle économique vers une économie peu émettrice de CO2 "recèle de nombreuses opportunités", avance ce rapport de la Commission mondiale sur l'économie et le climat, créée en 2013 et soutenue par d'anciens dirigeants politiques, des chefs d'entreprises ou encore des économistes.

Grâce à l'émergence de villes moins polluées, le développement d'une énergie propre, d'infrastructures et d'une agriculture plus compatibles avec l'environnement, "nous obtiendrons une productivité plus élevée, des économies et une plus grande inclusion sociale", ajoutent encore les auteurs du rapport.

26.000 milliards de dollars de bénéfices à attendre. Selon eux, les bénéfices d'un changement de modèle pourraient représenter 26.000 milliards de dollars (soit 22.400 milliards d'euros) de gains économiques supplémentaires d'ici à 2030, et générer 65 millions d'emplois en plus par rapport à la tendance actuelle.

Des économies issues d'un prix du carbone efficace. Les États pourraient également engranger 2.800 milliards de dollars (soit 2.400 milliards d'euros) de recettes par an en 2030 (soit le PIB actuel de l'Inde) en supprimant les subventions aux énergies fossiles d'ici à 2025 et en mettant en place un prix du carbone efficace, entre 40 et 80 dollars la tonne en 2020, alors qu'il est beaucoup plus faible actuellement dans les différents mécanismes mis en place ou envisagés par 70 États ou juridictions.

Des transformations trop lentes. Mais "le rythme de ces transformations n'est pas assez soutenu" par rapport à l'enjeu, estiment les auteurs de l'étude, dans la lignée du discours de nombreux scientifiques. "Nous sommes à un moment charnière décisif. Les responsables politiques devraient lever le pied du frein et donner un signal clair", affirme l'ancienne ministre des Finances du Nigeria Ngozi Okonjo-Iweala, co-présidente de la Commission mondiale sur l'économie et le climat, aux côtés du PDG d'Unilever Paul Polman et de l'ancien vice-président de la Banque mondiale Nicholas Stern.

Plus d'investissements dans les infrastructures. Le rapport défend notamment une accélération des investissements dans les infrastructures durables (réseau d'énergie, de transports, d'eau, bâtiments). À ce titre, les banques multilatérales et de développement doivent multiplier par deux leurs investissements, à 100 milliards de dollars (soit 86 milliards d'euros) par an d'ici à 2020.

Des entreprises à encourager. Enfin, les entreprises privées doivent aligner leurs stratégie avec l'impératif climatique et être encore plus encouragées à innover en faveur du climat, à l'image du soutien public qui a permis l'essor des énergies renouvelables ces dernières années.