Le logiciel de caisse anti-fraude à la TVA est arrivé et ne plait pas aux commerçants

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Image d'illustration. © AFP
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Arthur Helmbacher avec G.M.
Les commerçants dénoncent le "flicage" et regrettent que "l'Etat tape tout le temps sur les petits commerces de proximité".

Fini les doubles caisses et terminé les touches "magiques" qui permettent d'effacer une partie des recettes de la journée... Depuis le 1er janvier, les caisses enregistreuses détenues par les commerçants doivent être équipées d'un nouveau logiciel anti-fraude sous peine d’une amende de 7.500 euros. La mise en place de cette mesure suscite le mécontentement de nombreux commerçants, notamment à Munster, près de Colmar, en Alsace.

Contrôle de toutes les opérations. Saucisses, knacks, tourtes... : sur l'écran tactile tout neuf s'affichent les articles vendus par Delphine, bouchère à Munster. Avec sa caisse nouvelle génération ou plutôt "mouchard dernier-cri pour le Fisc", comme elle l'appelle. "Ils peuvent venir n'importe quand avec une clé USB et prendre les informations de votre caisse et ensuite les visionner tranquillement dans leur bureau et voir pourquoi il y a une ligne de supprimée, pourquoi il y a une modification", explique-t-elle. "L'Etat tape tout le temps sur les petits commerces de proximité", dénonce-t-elle. 

"C'est un flicage". Cette caisse nouvelle génération coûte en effet très cher. 10.000 euros pour Delphine qui a dû informatiser toute sa boucherie. Pour ceux qui sont déjà équipés, la mise à jour coûte environ 200 euros, explique le restaurateur Pierre Deloge, président des commerçants de la vallée. "C'est un flicage parce que toutes les opérations sont enregistrées. Si par exemple on va vite et on commande 22 cafés au lieu de deux, les 22 sont enregistrés dans la mémoire et l'administration fiscale va penser que c'est de l'agent que l'on a essayé de dissimuler parce qu'il y a des gens qui annulaient des additions pour faire de l'argent au noir", explique-t-il.

Au total, chaque année, la fraude à la TVA coûte 15 milliards d'euros par an à l'Etat dont trois milliards via la caisse enregistreuse.