Grèce : la zone euro exclut de nouvelles discussions avant le référendum de dimanche

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Gaétan Supertino avec agences , modifié à
La Grèce a fait défaut mercredi sur sa dette vis-à-vis du FMI. Les ministres des Finances de la zone euro ont décidé d'attendre le référendum de dimanche avant de nouvelles discussions.

C'est une première dans la zone euro : le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé mardi soir que la Grèce avait fait défaut sur sa dette, en ne remboursant pas son prêt de 1,5 milliard d'euros. La Grèce a demandé un nouveau délai au FMI, qui étudie la question. En attendant, Athènes et ses principaux créanciers (FMI, BCE, pays de la zone euro) tentent de poursuivre les négociations. L'enjeu est toujours le même : la Grèce a besoin de se faire prêter de l'argent, mais ne répond pas aux exigences d’austérité de ses créanciers. Ces exigences seront soumises au peuple grec par référendum dimanche. Alexis Tsipras, le chef du gouvernement grec, appelle à les rejeter pour arriver à "un meilleur accord".  

LES PRINCIPALES INFORMATIONS DU JOUR :

• La Grèce est depuis minuit en défaut de paiement vis-à-vis du FMI. 

• Dimanche, le peuple grec donnera son avis par référendum sur les exigences des créanciers.

• L'Eurogroupe a décidé d'attendre ce référendum avant de nouvelles discussions.

• Le 20 juillet, la Grèce doit encore rembourser 3,5 milliards d'euros à la BCE.

• La Grèce estime qu'elle aura encore besoin de l'argent de ses créanciers pendant deux ans.

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© ARIS MESSINIS/AFP

La Grèce, premier pays développé en défaut de paiement. Mardi soir, Athènes est devenu le premier pays développé à accumuler des arriérés de paiement vis-à-vis du FMI. Ce dernier a participé aux côtés des Européens aux deux plans de sauvetage du pays assortis d'une cure d'austérité drastique. La Grèce n'a désormais plus accès aux ressources financières de l'institution qui, de son côté, essuie le plus grand défaut de son histoire. Athènes a toutefois demandé au FMI si elle pouvait rembourser plus tard, invoquant une clause exceptionnelle. L'institution étudie la question. 

La Grèce ne convainc toujours pas. Athènes a proposé mercredi matin un nouveau plan d'aide de deux ans assorti d'une restructuration de la dette. Une manière de montrer sa bonne volonté qui n'a pas encore convaincu ses créanciers. Et pour cause : le gouvernement grec ne se plie pas encore aux exigences de ses prêteurs. Selon le Financial Times, Alexis Tsipras demande le maintien d'un taux de TVA plus bas pour les îles grecques, un report de l'augmentation de l'âge de départ à la retraite et un report de la suppression de l'allocation de solidarité aux retraités. Il n'y a "pas de base pour discuter sérieusement", a tranché mercredi le ministre des Finances de l'Allemagne, premier des créanciers.

Pas de nouvelles discussions avant le référendum. Après une conférence téléphonique, les ministres des Finances de la zone euro ont indiqué leur décision d'attendre le résultat du référendum de dimanche, lors duquel les Grecs s'exprimeront sur les exigences des créanciers, "avant la poursuite des négociations". Ils se sont donc alignés sur la position allemande, puisque l'Allemagne estimait qu'il ne pouvait pas y avoir d'accord avant le référendum de dimanche.

Un avis que ne partageait pas rançois Hollande. "Il faut être clair, l'accord, c'est tout de suite!", a-t-il déclaré mercredi vers 14h30. A son arrivée à Lyon, où il doit assister à un congrès de collectivités mobilisées pour lutter contre le réchauffement climatique, le chef de l'Etat a souligné qu'on ne pouvait davantage "différer" un tel accord. "Cela fait du temps que l'on parle de cet accord, qu'il vienne !". "Comme Européen", il se refuse ainsi à une "dislocation de la zone euro". 

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© LOUISA-GOULIAMAKI/AFP

Tsipras souffle le chaud et le froid. Après avoir déclaré mercredi qu'il acceptait une partie des exigences, le Premier ministre grec s'est montré plus agressif dans l'après-midi. Dans une allocution télévisée à la nation, il a accusé ses créanciers d'être "antidémocratiques" et a de nouveau appelé son peuple à voter "non" dimanche. "C'est un pas déterminant pour un accord meilleur. Le non ne signifie pas une rupture avec l'Europe mais le retour à l'Europe des valeurs, le non signifie une forte pression", a argumenté Alexis Tsipras. 

Les remboursements se succèdent... Athènes doit multiplier les chèques cette année. Le pays doit au total virer 5,4 milliards d'euros dans les caisses du Fonds en 2015 sur une dette totale de quelque 21 milliards d'euros. Le prochain paiement de 284 millions d'euros pour le FMI est dû avant le 1er août. Le 20 juillet, la Grèce est censée rembourser 3,5 milliards d'euros à la BCE. Et si elle ne le fait pas, les conséquences risquent d'être bien plus graves qu'un défaut de paiement vis-à-vis du FMI : la BCE pourrait alors interrompre son soutien aux banques grecques, provoquant un faillite de tout le secteur.