La France n'est plus la 5e puissance économique mondiale

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Emmanuel Duteil et , modifié à
CLASSEMENT - L’Hexagone sera bientôt la sixième économie mondiale, dépassée par le Royaume-Uni.

"La France, c’est un grand pays, elle est la cinquième puissance économique du monde. Nous avons donc toutes les raisons d’avoir confiance en nous", déclarait François Hollande le 31 décembre dernier, lors de ses vœux aux Français. Sauf qu’entre-temps, la Commission européenne a publié de nouveaux chiffres, repérés par Le Figaro, et ces derniers placent désormais la France au sixième rang mondial, derrière le Royaume-Uni. Et ce n’est pas vraiment une surprise, même si on peut aussi y voir ce qu’on appelle une "illusion monétaire".

La France recule d’une place. L’année 2014 à peine révolue, la Commission européenne a fait tourner ses ordinateurs et donné ses estimations sur le PIB de chaque Etat membre. Or, avec un PIB estimé à 2.134 milliards d’euros, la France est désormais derrière le Royaume-Uni, dont la richesse nationale créée l’année dernière serait de 2.232 milliards d’euros. C’est donc presque officiel, la France est désormais la sixième économie mondiale.

Pas vraiment  une surprise. Interrogé depuis Las Vegas, où il visitait le CES, le plus grand salon d'électronique grand public, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a déclaré être "surpris" par cette nouvelle. Mais dans l’entourage de Michel Sapin, on reconnait qu’une telle évolution était attendue. Avant de souligner qu’il s’agit d’une "illusion monétaire".

Car ce recul de l’économie française par rapport à celle du Royaume-Uni s’explique en partie par l’évolution des taux de change : le cours de l’euro a reculé par rapport à la livre sterling, si bien que tout ce qu’on produit vaut mécaniquement moins cher. Et génère donc statistiquement moins de richesse. Le cours de la monnaie a donc joué un grand rôle, mais il est exagéré de parler "d’illusion".

Pourquoi l’économie française recule-t-elle ? Au-delà de la question monétaire, cette rétrogradation de la France a aussi des explications bien plus structurelles : la croissance britannique devrait avoisiner 3% en 2014, contre un tout petit 0,4% chez nous. L’économie outre-Manche redémarre donc alors que la notre stagne et cet écart risque de se creuser encore en 2015. De plus, cette reprise économique s’accompagne d’un taux d’inflation plus élevé au Royaume-Uni qu’en France. Résultat, cette hausse des prix augmente la valeur de ce que les Britanniques produisent.

Enfin, même si c’est plus anecdotique, le royaume de Sa Majesté bénéficie aussi des nouvelles normes comptables choisies par l’Europe. Désormais, Londres intègre dans son PIB l’estimation des gains générés par la prostitution et le trafic de drogue. Or la France a refusé de comptabiliser la "richesse" créée par le commerce du sexe pour se limiter à celle générée par les stupéfiants, se privant ainsi de près de deux milliards d’euros. Mais même en intégrant cette filière, la France ne repasserait pas devant son voisin britannique.

La confirmation du décrochage français. Ce recul de la France est donc autant une question comptable qu’économique, mais le symbole est fort. Et il confirme que la France ralentit petit à petit, comme le prouve le fait que l'Hexagone n’est plus que le dixième pays industriel au monde. La faute à une économie moins réactive et à des réformes plus lentes et moins ambitieuses que chez nos voisins qui rendent la France moins compétitive. Et brouillent la communication positive du gouvernement.

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Pour rappel, voici le classement des six premières puissances économiques :
- 1er : Etats-Unis
- 2ème : Chine
- 3ème : Japon
- 4ème : Allemagne
- 5ème : Royaume-Uni
- 6ème : France