Consommation à la hausse : la confiance des ménages va-t-elle durer ?

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Noémi Marois , modifié à
ÉCONOMIE - En avril, la confiance des ménages s'est encore améliorée en France, selon la dernière enquête de l'Insee. Comment l'interpréter ?

Un petit point qui deviendra grand ? Dans la dernière enquête de l'Insee portant sur le mois d'avril, la confiance des ménages de France est en amélioration d'un point. En soi, ça ne fait pas beaucoup. Mais quand cette hausse est replacée dans la durée, elle est continue depuis février et surtout, c'est le plus haut point atteint depuis janvier 2010. Europe 1 a demandé à Laurent Clavel, chef du département "synthèse conjoncturelle" de l'Insee, ce qu'il faut comprendre dans cette amélioration.

Avec une première hausse en février à 92 points, une deuxième en mars à 93 points et enfin, les 94 points du mois d'avril, peut-on parler d'un retournement durable de la confiance des ménages ?

"On peut parler d'une remontée significative. Avec ce résultat d'avril, on est au plus haut niveau depuis janvier 2010, sans parler que fin 2014 déjà, il y avait eu une hausse de cette confiance. En tout, depuis un an, on a gagné quasiment 10 points. Il ne faudrait plus que quelques points pour revenir au niveau d'avant crise, celui de 2007. On est donc face à une amélioration qui se voit très nettement. 

Les ménages perçoivent en fait deux choses : l'arrêt de l'augmentation des prélèvements obligatoires et la chute du prix du pétrole. Quand une personne fait le plein d'essence, cela lui coûte moins cher et c'est autant de gagné pour son pouvoir d'achat. Ils voient aussi la faible inflation.

C'est cependant une amélioration modeste et qui n'est pas, de plus, liée à la croissance de l'économie française. Cet indicateur de confiance des ménages est surtout le reflet de la consommation et pas celui du climat des affaires."

Dans votre enquête, les ménages perçoivent une amélioration de leur situation financière et ils sont plus nombreux à considérer que c'est le moment de faire des achats. Si la consommation repart, peut-on envisager l'instauration sur la longue durée d'un cercle vertueux pour l'ensemble de l'économie ? 

"L'Insee a intégré ce cercle vertueux dans ses prévisions économiques mais il ne s'est pas enclenché partout pour le moment. Mais si la consommation s'accélère, deux secteurs résistent encore : la construction et l'investissement au sein des entreprises. Les ménages de France ont davantage confiance mais celle des entreprises est plutôt atone. 

Peut-être qu'elles se montrent prudentes et préfèrent attendre encore un peu pour investir, à ce moment, le cercle vertueux peut se généraliser mais peut-être aussi que le problème est structurel. À ce moment-là, l'investissement des entreprises ne repartira pas."

Si la confiance des ménages en avril se porte mieux, paradoxalement, ils sont plus nombreux pour l'avenir à craindre le chômage ou la hausse des prix. Ont-ils raison ?

"L'Insee prévoit en effet que l'inflation va cesser sa baisse. En clair, les prix vont donc arrêter de baisser. Concernant le chômage, nos prévisions montrent qu'il va continuer à augmenter sur les prochains mois. Il y a certes plus de croissance depuis le début de l'année 2015, moins de destruction d'emplois et l'effet positif des contrats aidés dans le secteur public, cela reste insuffisant pour inverser la courbe du chômage."

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