Crise grecque : "nous continuerons à nous battre", promet Tsipras

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Après toute une nuit de négociations, une issue a été trouvée à Bruxelles. Mais... 

Après plus de 17 heures de négociations à Bruxelles sur l'avenir de la Grèce, les dirigeants de la zone euro ont finalement trouvé un accord lundi vers 9h du matin. S’il demande des efforts considérables à Athènes, il ouvre aussi la porte à un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros pour le pays.

Les principales informations à retenir :

- Après une nuit de négociation, un "accord" a été annoncé vers 9h

- Plusieurs parlements doivent le valider, dont l'allemand et le grec

- La Grèce va devoir engager dès réformes sévères dès mercredi

- Les banques grecques resteront fermés au moins deux jours

- Les marchés financiers exultent à l'annonce de l'accord 

"Si la Grèce reste dans la zone euro, ce sera grâce à François Hollande". L'heure est à l'autosatisfaction dans le camp français. Très actif sur le dossier grec, François Hollande n'a pas mis bien longtemps à réagir à l'annonce d'un accord. Depuis Bruxelles, le président français a donné une courte conférence de presse, lors de laquelle il s'est félicité, notamment, de la coopération franco-allemande. "Nous sommes parvenus à un accord en prenant le temps! Il fallait cette unité franco-allemande, qui n'empêche pas des différences. Il fallait aussi qu'Alexis Tsipras puisse faire valoir ses attentes et propositions. Il a fait un choix courageux. L'objectif c'est que l'Europe puisse être à la hauteur du défi qui lui est lancé, mais aussi de donner un espoir à la Grèce". L'assemblée nationale votera mercredi sur l'accord trouvé, a également annoncé François Hollande.

"Nous continuerons à nous battre", assure Tsipras. Le gouvernement grec a "livré jusqu'au bout un combat juste" qui a débouché sur un "accord difficile" mais garantissant la "stabilité financière" et la relance en Grèce, s'est quant à lui félicité le Premier ministre Alexis Tsipras. "La grande majorité du peuple grec va soutenir cet effort (...) nous continuerons à nous battre" pour "les réformes radicales dont la Grèce a besoin", a-t-il ajouté. 

Les négociations ont avancé laborieusement toute la nuit, mais ont donc porté leurs fruits. En marge de la réunion à 19, il y a eu, au moins quatre réunions en petit comité, entre l'Européen Donald Tusk, le Grec Tsipras, la chancelière Merkel et le président Hollande. Il y a aussi eu des moments de tension. "L'ambiance est pourrie", a raconté un diplomate, qui pense certainement au clash entre le Premier ministre italien et son collègue des Pays-Bas.

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© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

La Grèce va payer cher. Si une sortie de crise a donc été trouvée, c'est parce que les Grecs ont accepté l'essentiel des conditions très dures fixées par les créanciers. Alexis Tsipras va payer cher le référendum organisé il y a huit jours. Son pays devra, par exemple, adopter d'ici mercredi prochain une réforme des retraites, une loi pour augmenter les impôts et une réforme de son Code civil. Une tache herculéenne. Mais ce n'est pourtant qu'une partie du prix à payer pour obtenir l'indispensable soutien européen.

Parcours semé d’embûches pour l'accord. A la clé de ces efforts donc, un nouveau plan d'aide évalué entre 82 et 86 milliards sur trois ans. D'ici mercredi, le Parlement grec devrait se prononcer sur une première série de réformes, notamment sur les retraites et les hausses de TVA. Une épreuve qui pourrait être difficile sur le plan politique pour le Premier ministre Alexis Tsipras. Car si la population le soutient, c'est plus compliqué au sein de son Parti Syriza et le pays pourrait entrer dans une crise politique. Le syndicat grec des fonctionnaires, Adedy, a d'ailleurs déjà appelé à une grève de 24 heures mercredi, jour probable du vote au Parlement . "Nous appelons à une grève de 24 heures, lors du vote de l'accord anti-populaire et à des manifestations à 16H00 GMT (19h00 locales) sur la place Syntagma" à Athènes, a indiqué un communiqué de l'Adedy.

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© AFP/ANDREAS SOLARO

Au total, huit Parlements de la zone euro doivent encore donner leur aval à l'accord, dont l'Allemagne, vendredi.

La BCE va continuer de nourrir les banques. Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu lundi au niveau actuel ses prêts d'urgence (ELA) en faveur des banques grecques, a annoncé ce même jour un porte-parole de l'institution. Le plafond de ces prêts, dont le montant déjà accordé aux établissements grecs avoisine les 89 milliards d'euros, a été maintenu "inchangé", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la BCE, quelques heures après l'annonce d'un accord à l'arrachée entre Athènes et ses créanciers. Mais malgré cet apport en liquidité salvateur, le gouvernement grec a préféré maintenir la fermeture des banques au moins deux jours de plus.

Les bourses décollent. Les Bourses européennes ont terminé en forte hausse lundi, grâce à l'accord conclu au petit matin entre Athènes et les membres de l'Eurogroupe sur un troisième plan d'aide, à l'issue d'un week-end d'intenses négociations. "Les marchés ont pris acte du fait qu'une étape clé avait été franchie et l'ont accueillie positivement", a résumé Alexandre Baradez, un analyste de IG. "Cet accord marque un tournant, car l'incertitude à long terme a été levée avec un accord sur un financement de trois ans", a-t-il ajouté. Le Cac 40 a fini en hausse de 1,94% à 4.998,10 points. 

La Maison blanche elle même a déclaré lundi que les Etats-Unis se félicitaient de l'accord intervenu en début de journée. L'accord représente une "étape crédible" qui nécessitera des réformes structurelles difficiles de la part de la Grèce, dixit le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest

Suivez la situation en direct avec notre correspondante à Bruxelles :