Grèce : l'Eurogroupe dit oui à un troisième plan d'aide

Le ministre des finances grec Euclide Tsakalotos entouré du ministre des finances français Michel Sapin et de son homologue italien Vincenzo La Via.
Le ministre des finances grec Euclide Tsakalotos entouré du ministre des finances français Michel Sapin et de son homologue italien Vincenzo La Via. © EMMANUEL DUNAND / AFP
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BW et Noémi Marois avec AFP , modifié à
L'Eurogroupe a donné son feu vert à la Grèce pour un prêt pouvant aller jusqu'à 86 milliards d'euros sur trois ans. C'est "un aboutissement pour la Grèce qui a fait les efforts attendus" a souligné François Hollande

Le troisième plan d'aide validé. Après six heures de négociations, les ministres des Finances de la zone euro sont parvenus à un accord vendredi soir sur un troisième plan d'aide à la Grèce, d'un montant pouvant aller jusqu'à 86 milliards d'euros, dont une première tranche de 26 milliards d'euros, ont annoncé la Commission européenne et l'Eurogroupe. C'est "un aboutissement pour la Grèce qui a fait les efforts attendus" s'est réjoui François Hollande vendredi soir peu après l'annonce de l'accord. Plus tôt dans la journée, le Parlement grec avait avalisé ce plan d'aide, préalablement mis au point mardi par la Grèce et ses créanciers. 

Une première tranche de 26 milliards d'euros. "De nouveaux prêts pouvant aller jusqu'à 86 milliards d'euros" seront accordés à la Grèce au cours des trois prochaines années, a indiqué la Commission. La première tranche d'aide s'élèvera à 26 milliards d'euros, et sera elle-même divisée en plusieurs sous-tranches: un versement "immédiat" de 10 milliards placés sur un compte distinct pour la recapitalisation des banques grecques. La deuxième "sous-tranche" de 16 milliards d'euros commencera par un versement de 13 milliards d'ici au 20 août, suivi d'un ou plusieurs autres à l'automne, en fonction de la mise en oeuvre des réformes, précise l'Eurogroupe dans un communiqué.

La Grèce n'aura donc pas besoin de prêt relais pour honorer le 20 août un remboursement de 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne, comme cela avait été envisagé un temps, notamment par l'Allemagne qui voulait prendre plus de temps pour négocier l'accord.

"Nous avons côtoyé l'abîme". "Les six derniers mois ont été difficiles. Ils ont mis à l'épreuve la patience des décideurs politiques et encore plus celle de nos citoyens. Ensemble, nous avons côtoyé l'abîme", a commenté dans un communiqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Mais aujourd'hui je suis heureux d'annoncer que toutes les parties ont respecté leurs engagements" et "le message de cet Eurogroupe est clair: sur cette base, la Grèce est et restera de manière irréversible un membre de la zone euro", a-t-il poursuivi. Il reste désormais à plusieurs parlements nationaux dont le Bundestag en Allemagne à approuver l'accord. 

Pression maintenue. La Grèce n'est cependant pas quitte. Elle doit désormais appliqué à la lettre les différentes réformes adoptées par la Vouli, son Parlement. Les créanciers, eux, maintiennent la pression, instaurant une tutelle sur l'État hellène. Le communiqué publié par l'Eurogroupe mentionne plusieurs des sujets d'inquiétude soulevés au cours des discussions, notamment par l'Allemagne. Il précise ainsi que le futur fonds pour les privatisations devra être "opérationnel d'ici la fin de l'année" et collecter à terme 50 milliards d'euros, dont 6 milliards au cours des trois premières années.

Autre sujet sensible, la question de la soutenabilité de la dette grecque, que ce nouveau programme de prêts fera grimper à 200% du PIB grec, un niveau jugé non viable par le FMI qui a menacé de ne pas continuer à participer au financement des prêts sans des mesures de réduction de la dette. Le communiqué final affirme que "la soutenabilité de la dette peut être assurée grâce à un programme de réformes crédibles et complet, et à des mesures supplémentaires sans effacement nominal" de dette. Ces mesures pourront consister en "un rallongement des périodes de grâce et de remboursement", précise le texte. Le débat sur la question "reviendra sur la table en octobre", a déclaré Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe.